• Samedi 6 Avril (suite)

    Je tente de résister avec mes bras, mais ces enfoirés ont bien plus de force que moi. L’eau me brûle les poumons, les narines, la gorge. Je tousse dès que ma tête émerge de l’évier, mais je n’ai pas beaucoup de temps avant qu’elle soit immergée de nouveau. Et toujours la même question sur les lèvres « où est Shane ? » comme si j’en savais quelque chose, il m’avait fallu plus de trois mois pour retrouver sa trace, pensent-ils sincèrement qu’il m’ait dit où il avait l’intention de se rendre alors que je pensais qu’il allait rentrer avec moi ?

    - Elle commence à me taper sur le système. Tu vas parler oui !

    Il peut hurler si ça lui chante, mais ça ne changera rien aux faits.

    - Peut-être qu’elle ignore vraiment où il se trouve.

    Le moins débile des trois à enfin compris que je ne sais rien, pourtant les deux autres n'ont que faire. 

    - Chad, je me demande vraiment ce que tu fous ici. Peut-être qu’il faut être plus persuasif avec mademoiselle.

    Aussitôt qu’il a fini sa phrase, il sort un couteau de sa poche, ma chair se prépare à être meurtri, mais c’est mon short qui fait les frais de cette confrontation. Je gesticule pour qu’il me lâche et la main sur ma tête me plonge dans l’eau puis me remonte.

    Chapitre 19

    - Non, non, non, non….

    - Tu vois, elle est déjà plus loquace ! 

    - Arrêtez, s’il vous plaît.

    Pendant que les deux autres se disputent à propos de ce qu’ils font me faire, la grosse paluche qui tient mes cheveux ne fait que descendre et monter ma tête dans l’eau, leurs paroles sont hachées. 

    - Je ne crois pas… une bonne idée, la va être furieuse.

    - Qu’elle… faire foutre. 

    - Je… pas ça.

    - Je compte... à cette salope… commande.

    Pendant plus longtemps, ma tête est sous l’eau, je tente de me libérer, mais quand je sens ses mains se balader sur moi, je cris sous l’eau, m’obligeant à en avaler en quantité. Je préfère mourir que de subir les sévices qu’ils s’apprêtent à faire. Je sens petit à petit ma lutte s’arrêter.

     

    __________________________________ 

    _Jude.

    Furieux. Incontrôlable. Je descends les marches quatre par quatre afin d’atteindre le second sous-sol. La fureur dans mes veines me donne l’adrénaline suffisante pour ne pas m’arrêter en chemin. 
    Devant la double porte, je me trompe de code deux fois et je suis à deux doigts de planter une balle dans ce putain de système, mais je ne le fais pas pour Saphir. Je me concentre deux secondes et fini par ouvrir. 

    Alors qu’elle suffoque, Vito est en train de maintenir sa tête sous l’eau pendant que Jared et Chad se dispute pour savoir si la violer est la solution. 

    Les mains de ce connard sur son corps me répugnent, si bien que j’en ai la nausée. Aucun de ses trois loosers ne s’est aperçu de ma présence, mais quand Jared s’apprête à déboucler sa ceinture, je sors de ma paralysie. 

    - Si tu tiens à tes couilles, lâche-là tout de suite !

    À force d’avoir la tête sous l’eau, Jaëlie s’est arrêté de bouger et les trois hommes se tournent vers moi laissant son corps s’écrouler au sol.

    Chapitre 19

    - La faucheuse ! On ne t’attendait pas de sitôt !

    - Vous vous êtes bien moqué de moi, bande de petits enfoirés.

    - Tu t’es pas mal foutu de nous aussi… garder ce si joli petit lot pour toi tout seul, ça m’attriste !

    - Ta gueule ! Ne vous approchez plus jamais d’elle !

    - C’est pas toi le chef ! 

    Je m’approche et récupère JJ dans mes bras, elle respire à peine, mais suffisamment pour m’apaiser puis je commence à sortir.

    - Blake va être furieux ! 

    - J’emmerde Blake et vous aussi.

    Je remonte un étage au pas de course afin de retrouver ma chambre. Saphir arrive derrière moi.

    Chapitre 19

    - Hey, ça va ?

    - Non ! Je vais buter un de ces connards un jour.

    - Elle va bien ?

    - Elle a l’air d’aller bien, Saphir ?

    - Désolée, tu sais qu’on ne peut rien leur dire…

    - C’est moi qui m’excuse, trouve-moi des vêtements s’il te plaît.

    - Bien sûr, tout de suite !

    Elle s’éclipse à la vitesse de l’éclair, Saphir est la personne que j’apprécie le plus ici avec Olympe, en fait, ce sont les seules personnes que j’apprécie tout court. Les autres sont vils, manipulateurs et idiots. 

    Chapitre 19

    Je m’empresse de déshabiller Jaëlie, qui porte encore les mêmes fringues que la dernière fois que je l’ai vu. La vue de son corps, ne me provoque aucun désir, elle est marquée par des bleus et des coupures et je sais que c’est de ma faute. Ma Rebelle, ne semble plus si rebelle comme ça. Je la plonge doucement dans l’eau tempérée et enlève tout ce qui peut partir avec de l’eau, mais je sais pertinemment que le plus important ne pourra jamais la quitter avec un bain. 

    Saphir a placé les vêtements sur mon lit et je les enfile avec minutie à la belle rouquine avant de la couvrir avec un plaid. 

    Je suis partagé entre le fait de remonter et trucider cette bande d’idiots ou de rester ici à surveiller son réveil. Pour une fois, la raison m’oblige à ne pas bouger de mon canapé et à attendre sagement. Le voyage m’a épuisé et je finis par sombrer malgré moi, pourtant lorsque j’entends les sanglots de Jaëlie, mon corps fait un bond hors du canapé.

    - Non, non, non, non, non…

    - Doucement…

    Ses deux grands yeux s’ouvrent soudainement et le regard affolé qu’elle pose sur moi avant de se précipiter dans un coin de la pièce manque de me terrasser.

    Chapitre 19

    - Pitié, non, ne me touchez plus… pitié… 

    L’imbécile que je suis, a toujours sa capuche sur la tête et elle est encore sous le choc et surement pas prête à me trouver ici, elle ne me reconnait pas, j’enlève mon sweat avant de me rapprocher d’elle.

    - Rebelle, doucement, c’est moi, c’est Jude.

    Elle relève timidement sa petite tête coincée entre ses genoux pour me regarder.

    - Jude ? Oh mon dieu. 

    Surpris par son geste, je manque de m’écrouler par terre quand elle se jette à mon cou subitement, mais je savoure la forme de son corps tout contre moi avant qu’elle comprenne tout. Mon nez dans sa nuque, elle pleure dans mes bras, elle tremble tellement que je la serre un peu plus fort.

    Je n’ose pas bouger d’un millimètre, je ne veux pas briser ce moment, je la veux encore entre mes bras et à la minute même où elle me lâchera, elle sera écœurée de la personne avec qui elle était. Dans ce silence parfait, seul les sanglots de Jaëlie retentissent et s’affaiblissent, sa crise est en train de se calmer petit à petit.

    Chapitre 19

    Brutalement et bruyamment, ma porte s’ouvre, laissant apparaître Blake, on ne peut plus remonter et stupéfait de me trouver sans ma sombre amie qui dissimule sans répit mon visage.

    - JUDE !

    Jaëlie sursaute et s’agrippe à mon bras tout en se planquant derrière mon dos et je suis comme un connard à me voir comme un protecteur alors que je ne suis qu’une petite sous merde qui mériterait qu’elle lui tire une balle dans le trou béant où devrait être un cœur…

    - Blake ! Que me vaut le plaisir de ta visite ?

    - Joue pas à l’idiot avec moi, petit con, qu’est-ce qu’elle fait ici ?

    - Tu ne porteras plus la main sur elle de quelques manières que ce soit.

    - Regarde-toi ! Elle est bien loin la faucheuse !

    - Blake ! Je suis sérieux. 

    - Mais moi aussi ! Son frère me doit un paquet de fric et puisque je ne peux pas mettre la main sur ce crétin, elle remboursera très bien sa dette. Je me ferais même du bénef’ sur son cul.

    Je sens les tremblements de JJ dans mon dos quand elle a compris avec horreur qu’il voulait l’envoyer faire la pute. Et il est hors de question que je laisse un truc pareil arriver à la seule fille qui me fait me sentir vivant et choyé, même si elle va finir par me détester pour le restant de ses jours.


     

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  • Samedi 6 Avril (suite)

    Secouée par mes tremblements, je m’accroche à Jude comme à une bouée de sauvetage, mon corps est en pilote automatique. Ce rustre veut m’envoyer faire le trottoir pour payer les dettes de mon frère, ça ne leur a pas suffi tout à l’heure ? Jude lui tient tête. 

    - Blake ! Sort ! Ce n’est pas le moment.

    - Mon frère, tu oublies à qui tu parles ? 

    - Blake ! S’il te plaît !

    - Je t’attends là-haut. Et toi, ne sois pas si sure de ton sort ! 

    Je ressers ma prise sur son biceps avant que le fameux Blake sorte de la chambre en claquant la porte derrière lui. Jude n’ose pas bouger d’une semelle, il se tend de la tête aux pieds, je peux le sentir sous mes doigts. 

    - Tu... tu connais bien ces gens ? N’est-ce pas ?

    - Écoute JJ, il faut que j’aille mettre les points sur les i avec Blake, on pourra parler après si tu veux. 

    Chapitre 2o

    Et pourtant, il ne bouge pas et moi non plus, pétrifiée de me retrouver seule. Les larmes coulent silencieusement.

    - Ils... ils ont...

    - Ils ne t’ont rien fait Jaëlie... en tout cas rien de ce que tu pourrais imaginer.

    J’éclate en sanglots bruyants et Jude se retourne, certainement pour me consoler, mais je recule vivement. Je vois la peine de dessiner sur son visage balafré. 

    - Je reviens au plus vite. 

    Et il sort en flèche, me laissant seule avec mes pensées. Je me rends compte que je porte de nouveaux vêtements et que je suis propre. Je tente quand même d’ouvrir la porte, mais Jude l’a fermée à clef. Perdue, la seule chose que je trouve à faire, c’est de me poser sur le lit. Le regard dans le vide, je reste comme ça jusqu’à ce qu’il revienne. C’est la silhouette placée devant moi qui me fait sursauter.

    - C’est juste moi !

    - Mais toi, qui es-tu au juste ?

    Je me lève en lui posant cette question. Il souffle un bon coup, il sait qu’il doit passer à table et cela ne l’enchante pas le moins du monde.

    Chapitre 2o

    - J’étais chargé de retrouver ton frère. Je devais te surveiller, le trouver et le ramener.

    - Tu... tu t’es joué de moi ?! Pendant tout ce temps, tu m’as menti, tu as profité de moi... mon dieu qu’elle idiote...

    - Ne dis pas ça... 

    Il tente de lever son bras pour me toucher et il est hors de question qu’il s’approche encore de moi, je recule.

    - Je n’étais pas obligé de devenir intime avec toi, je l’ai fait parce que j’en avais envie.

    - Tu avais envie de me briser ? Tu es encore pire que ce que j’imaginais... j’aurais préféré que tu ne m’adresses jamais la parole... on m’avait dit de me méfier de toi et je n’ai pas voulu écouter... 

    J’ai trop de choses en tête, ça fuse de tous les côtés, trop de questions, trop d’informations. Ma tête se met à tourner, mes oreilles bourdonnent et des petites étoiles scintillent devant les yeux. C’est à peine si je remarque que mon corps flanche alors que Jude me rattrape.

    - Hey ! Tu devrais t’allonger. Tu as peut-être faim, l’hospitalité n’est pas le fort de ses idiots. Qu’est-ce que tu veux JJ ?

    Chapitre 2o

    Pleins de choses, je voudrais qu’il ne m’ait jamais menti, je voudrais que mon frère ne se soit pas mis dans ce merdier, je voudrais que mes parents soient toujours en vie.

    - Je veux partir... s’il te plaît.

    - Jaëlie... tu sais pertinemment que ce sera non...

    - Alors tu vas laisser ton ami faire de moi une pute ? 

    - Il ne va pas faire ça d’accord, tu devrais t’allonger, tu es toute blanche. Je vais te chercher un truc à manger. 

    Jude me pose sur le lit avant de disparaître derrière la porte en bois. Les larmes coulent toujours sans m’en rendre compte. Les joues me brûlent et mon ventre commence à faire du bruit.

    - C’est pas empoisonné ? 

    - Non... 

    Devant mon hésitation, il s’empare d’une bouchée et obligée de constater que je meurs de faim, je mange ce qu’il m’apporte. 

    Chapitre 2o

    Je ne me souviens pas avoir fini de manger, ni de m'être endormie et pourtant, c’est le corps baigné de sueur que je me réveille en hurlant. Mon tortionnaire me rejoint rapidement, mais je refuse qu’il pose ses mains sur moi.

    - Laisse-moi, ne me touche pas.

    - Je ne te ferais pas de mal JJ...

    - Tu en a déjà bien assez fait, ne me touche plus jamais.

    Mes mots, mes actes l’ont touché tel un uppercut en pleine cage thoracique, il s’éloigne et retourne se coucher sur le canapé. 

     

     

    Dimanche 7 Avril

    Cette chambre est une pièce aveugle, aucune fenêtre ne peux me donner une indication de l’heure qu’il peut être, si ça se trouve, j’ai passé deux jours dans ce trou à rats. Jude sort de la pièce attenante, une serviette sur les hanches, de l’eau qui coule sur sa colonne. L’espace d’un bref moment, il est juste Jude, le mec arrogant, mais plaisant, celui qui sait faire danser mon corps comme personne ne l’a jamais fait avant. Je déglutis en me souvenant de quel genre de monstre il est. La nausée envahie ma gorge et je sens la nourriture remonter. Je me lève en quatrième vitesse et me dirige dans l’autre pièce en bousculant Jude puis je vomis mes tripes en pensant à la situation de merde dans laquelle je suis.

    - Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

    - C’est toi qui me rends malade, toi et tes mensonges, toi et tes petits copains complètement timbrés. 

    Chapitre 2o

    Ma bouche rincée. Je le bouscule de nouveau pour sortir.

    - Je t’ai laissé me toucher, je t’ai laissé entrer dans ma vie et tout ça ce n’était qu’un jeu pour toi ?

    - Bien sûr que non. Je ne t’ai pas vraiment menti, j’ai juste omis quelques détails...

    - Quelques détails ? Kelia a dit que tu étais la faucheuse, je pensais qu’elle délirait, qu’elle s’était trompée, mais ce n'est pas la première fois que j’entends ce nom depuis quelques jours. Qui es-tu ? Que fais-tu ?

    Le caleçon qu’il a enfilé le laisse pratiquement nu devant moi, et malgré la colère que je peux ressentir, j’ai passé trop de temps à le vénérer pour être insensible à cette vision, mais il est hors de question que je cède, plus maintenant. Il s’éloigne un peu de moi et se retourne, il n’ose pas me regarder dans les yeux.

    - La faucheuse, c’est le nom qu’on a fini par me donner, une silhouette sombre dissimulée dans la nuit derrière une capuche noire, fauchant les vies comme le blé. Médiateur n’est pas vraiment le nom exact de ce que je fais... mais il embellit la situation, j’interviens en cas de conflit, mais seulement de manière radicale.

    La vérité m’éclate à la gueule comme un obus si bien que je manque d’air un moment.

    - Un tueur à gages... mon dieu, mais je suis tellement naïve et dire que j’ai failli... 

    Chapitre 2o

    Les mots restent bloqués sur ma langue, je repousse cette idée loin de moi, j’ai déjà l’air d’une idiote, inutile d’en rajouter une couche.

    - Tu as failli quoi ?

    - Rien, laisse tomber, ça n’a plus aucune importance aujourd’hui.

    Il laisse retomber ses épaules avant de se diriger vers sa commode pour finir de s’habiller. 

    - Tu peux prendre une douche, Saphir à laisser des vêtements pour toi dans ce tiroir, tu as de quoi t’occuper, je reviens dans un moment.

    - Tu vas me laisser enfermer ici comme une chienne qui attend le retour de son maître ?

    - Crois-moi, en ce moment, c’est l’endroit où tu es le plus en sécurité. 

    - En sécurité ? Avec toi ? J’en doute fortement.

    - C’est pourtant ce que tu ressentais, il n’y a pas si longtemps…

    Chapitre 2o

    Un joli coup de poignard dans mon cœur de midinette meurtrie. Il sort de la pièce qui me semble bien trop petite d’un coup. Je suffoque sous le poids de ma culpabilité, Shane avait raison, je l’ai mis en danger en allant le retrouver, j’ai mis en danger sa fille, j’ai mis ma propre misérable vie en danger, même Nana… elle doit tellement se faire de soucis pour moi, j’espère qu’il ne lui arrivera rien, je ne m’en remettrais jamais.

    Il faut que je sorte d’ici quoi qu’il m’en coûte, je commence par fouiller minutieusement sa chambre à la recherche de quelque chose qui pourrait m’être utile. 


     

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  • Dimanche 7 Avril (suite)

    J’ai retourné tous les recoins de sa maudite chambre, en prenant soin de pas trop déranger l’ordre qui y règne pour qu’il ne se doute de rien, et c’est finalement planqué derrière le lit que j’ai fini par trouver une arme. Dans le genre des choses utiles, je n'en demandais pas tant ! Je n’ai jamais utilisé d’armes à feu, mais ça ne doit pas être bien compliqué, viser et tirer. Je la replace où je l’ai trouvé ensuite, je prends des vêtements dans le tiroir qu’a indiqué Jude puis je m’enferme dans la salle de bain. 

    Je vérifie plusieurs fois que la porte est bien fermée avant de me déshabiller et de faire couler l’eau de la douche. Dans le miroir, mon reflet, n’est qu’une pâle copie souillée de moi-même. Je ne me reconnais même pas. Ma peau est griffée, marquée, bleuie. 

    Ce salopard m’a donné un bain, alors que j’étais inconsciente, ça me dégoûte de penser qu’il a pris du plaisir à me voir nue, à sa merci, et même qu’il a profité de l’occasion… je réprime un haut-le-cœur et m’installe sous le jet. Je me frotte, encore et encore, malgré la douleur lancinante dans chaque parcelle de mon corps.

    Une fois sèche, j’enfile les vêtements, trop sexy pour les conditions actuelles, en pensant que la fameuse Saphir doit être plutôt libérée. Je déverrouille la porte tout doucement avant de sortir et pousse un cri en entendant une voix féminine.

    Chapitre 21

    - Tu te sens mieux ?

    - Qui… qui es-tu ? Qu’est-ce que tu me veux ?

    - Je suis Saphir ! Jude m’a demandé de venir te tenir compagnie, il avait des trucs à faire.

    - Genre, tuer des gens ?

    Elle éclate d’un rire si franc, que je me demande ce qui peut bien être drôle dans ce que je viens de dire. Je hausse un sourcil.

    - Je sais bien que la mort ne prend pas de vacances habituellement, mais pas celle-là ! Et tu en conviendras que c’est une mort plutôt… hum séduisante, non ?

    - Peu importe, c’est un tueur, c’est tout ce que ça restera.

    Je détaille la jeune fille devant moi un moment, son joli minois et ses cheveux colorés, elle n’a pas l’air dangereuse, je me demande ce qu’elle fait avec des gens pareil. Saphir hausse des épaules avant de reprendre.

    Chapitre 21

    - J’espère que les vêtements te plaisent ?

    - C’est un peu affriolant, mais merci !

    - Désolé, je vais essayer de te trouver quelque chose de moins voyant, mais je ne crois pas avoir ça dans mon placard.

    Son portable sonne et elle regarde le message qui doit s’afficher sur ce dernier.

    - Faut que j’y aille.

    - Laisse-moi sortir s’il te plaît !

    - Je ne peux pas faire ça… je suis désolée.

    Elle sort doucement et j’entends le verrou de la porte se déclencher, je suis encore prise au piège ici à attendre que la mort rentre me retrouver. Mon estomac commence à chanter aussi bien, je décide de boire beaucoup d’eau pour combler le trou formé dans mes entrailles. Je m’allonge un instant et le bruit de la porte se fait entendre, sa capuche ténébreuse rend la pièce plus glauque, mais dans sa main, il tient une assiette.

    - Je n’ai pas faim.

    Chapitre 21

    Ma fierté m’oblige à cracher mon venin alors que je suis prête à le tuer pour avoir un morceau à manger. Trahie par mon propre corps, un gargouillis incessant résonne dans la pièce silencieuse.

    - C’est pas ce que dit ton estomac en tout cas !

    - Je refuse de manger ce que tu m’apportes, qui sait ce que tu vas mettre dedans pour me droguer et pourquoi pas me violer, tu ne dois pas mieux valoir que tes petits copains. 

    Un flot de paroles blessantes jailli de ma bouche, malgré tout ce que je pensais savoir de lui, tout s’écroule, il n’a fait que me mentir, me manipuler, toutes ses paroles, tous ses actes ne sont plus rien, que mensonges et futilités.

    - Si je voulais te violer, je le ferais pendant que tu es pleinement consciente, rien ne m’exciterait plus que de te voir te débattre sous mon corps, maintenant, mange.

    Bouche bée, je n’en reviens pas. Il pose l’assiette puis sort illico de la chambre, m’abandonnant à mes démons intérieurs. Sous sa capuche, impossible de savoir s’il était sincère, à ne plus rien savoir, à ne plus rien contrôler, je vais devenir folle, c’est certain. 

    Chapitre 21

    Jude est parti si vite qu’il n’a pas verrouillé la porte, mon palpitant fait des siennes et je respire un bon coup avant de faire une attaque. Tant pis pour la bouffe, je m’approche de la porte et baisse avec lenteur la poignée. Pas un bruit à l’horizon, mes pas se font aussi discrets que possible, un escalier se trouve directement à côté, sans plus hésiter, je remonte. Le soleil est présent, je sais au moins qu’on est en journée. Le bois craque légèrement et plus j’approche du haut, j’entends des voix, je reconnais celle de Jude et de Saphir. Merde, fait chier. 

    - T’as une petite mine !

    - Elle croit que je suis comme ces crétins… putain, ça me rend fou…

    Il est sérieusement en train de se plaindre à cette pauvre fille, il n’est pas comme eux, il est pire encore. Je ne reste pas à écouter ses jérémiades. Je ne peux pas avancer plus sous peine de me faire découvrir, je suis prise au piège comme une souris de laboratoire. Je redescends alors, découvrant les lieux, une petite porte en bois foncé gardée par un digicode m’intrigue, mais lorsque je veux me rapprocher, je peux distinguer Jude et Saphir qui se rapproche, je file à toute allure en direction de la chambre, mais je percute brutalement le brun. Son sourire vicieux sur la bouche, il m’attrape et me colle contre un mur. Je n’ose plus bouger.

    - On fait un peu d’exploration ma jolie ?

    - Qu’est-ce que ça peut te foutre ?

    Chapitre 21

    Je rugis et frémis d’horreur quand il se colle plus à moi.

    - C’est que tu as du caractère ! Tu sais qu’on a des choses à finir tous les deux, Jude ne sera pas toujours dans le coin, comme maintenant.

    - Tu te trompes Jared, je suis là, barre-toi ! 

    La voix profonde de Jude tonne dans notre dos, laissant mon corps se détendre et c’est avec un petit rire fou que Jared me lâche avant de reculer. Je me précipite loin de lui.

    - Ce n’est que partie remise, petite rebelle !

    - Ne m’appelle pas comme ça !

    - Ne l’appelle pas comme ça !

    La voix de Jude fait écho à la mienne. Nous nous lorgnons un instant avant que je détourne les yeux. Je ne m’étais pas vraiment aperçue que ce petit surnom venant de Jude, avait autant d’importance et l’entendre de la bouche de ce grossier personnage m’a donné envie de gerber sur ses pieds. 

    Jared s’enferme dans une pièce près de celle de Jude et ce dernier s’approche, alors instinctivement, je recule et rejoins sa chambre.

    Chapitre 21

    - Je t’avais dit que tu étais plus en sécurité dans la chambre.

    - T’avais pas fermé, tu croyais tout de même pas que j’allais rester là à attendre ?

    Il fait un pas en avant, je fais un pas en arrière. Il retire son sweat sombre et le jette plus loin et je sais très bien ce que je vois dans ses yeux. Cette flamme qui s’allume quand le désir s’empare de lui, quand il me veut sous lui pendant qu’il me brûle de l’intérieur. Jude s’avance d’un pas vers moi et je recule d’un pas avant que ses paroles ne me reviennent en tête « Si je voulais te violer, je le ferais pendant que tu es pleinement consciente, rien ne m’exciterait plus que de te voir te débattre sous mon corps. » j’avale ma salive difficilement avec la boule qui s’est formée au fond de ma gorge.

    Alors je reste à ma place, j’attends qu’il s’approche encore, si je le laisse avoir ce qu’il veut, peut-être que je finirais par sortir d’ici. Quand il s’empare de ma taille, je sursaute et mes larmes coulent sans mon consentement. Sa bouche trouve la mienne, mais je ne réponds pas à son baiser. Je n’éprouve aucun plaisir à son étreinte.

    Jude s’arrête alors, probablement déçu que je ne me débatte pas plus pour satisfaire sa répugnante envie de me prendre sans autorisation. Il saisit ma tête de ses deux mains et pose son front contre le mien.

    - Putain, j’ai tellement envie de toi, mais pas comme ça, pas alors que je te dégoûte tellement que tu te laisses faire, je ne ferais jamais ça, tu m’entends, jamais.

    Chapitre 21

    Ses mains quittent mon corps la seconde d’après et il sort de la chambre en prenant soin de ne pas oublier de fermer à clef cette fois-ci. 

    Jude est un menteur, ça fait des mois qu’il ment, qui sait où fini la vérité et où commence le mensonge ? Il se joue de moi, pour mieux me rendre vulnérable et docile comme ça quand je m’y attendrais le moins, il fera de moi sa marionnette, mais c’est fini. 

    L’assiette que j’ai délaissé plus tôt m’attend toujours, c’est froid, mais j’ai tellement faim que peu m’importe, je fini jusqu’à la dernière miette avant de m’écrouler de sommeil sur le lit de Jude.


     

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  • Dimanche 7 Avril (suite)

    _Jude.

    Entendre son surnom de la bouche de cet idiot de Jared m’a rendu fou, mais entendre JJ lui faire la réflexion en même temps que moi m’a animé d’un puissant désir de possession. Je voulais la baiser à même le sol, tellement impatient de la toucher que lorsqu’elle a vu mon regard enfiévré et que la peur s’est emparé de ses yeux, j’ai quand même continué d’avancer. 

    Le sursaut qu’elle a eu quand je l’ai touché, ne m’a pas rebuté non plus, mais quand je l’ai embrassé et qu’elle est restée là, à ne rien faire à par pleurer, s’en était trop. 

    J’ai peut-être fait des mauvais choix dans la vie, j’ai fini par devenir une personne sans foi, ni lois, mais jamais, non jamais je n’abuserais de ma supériorité sur une femme. Je refuse de devenir comme mon connard de géniteur et rester avec des trous du cul tel que Jared me fait friser l’apoplexie.

    Je me retrouve dans la salle de sport attenante à ma chambre, j’ai besoin de me défouler et de décompresser. Comment faire pour retrouver sa confiance ? Je me creuse les méninges, mais rien n’y fait, elle ne me pardonnera jamais ce que j’ai fait et ce que je continue à faire.

    Quand la sueur coule et me brûle le visage, je m’arrête. J’entre dans la chambre calmement, l’assiette que je lui ai apportée est vide, et les sédatifs ont fait effet, elle ronfle sur mon lit. Ce sera plus facile pour elle si elle dort. 

    Chapitre 22

    Mon désir de la toucher me pousse à m’approcher d’elle, sans geste brusque, je replace sa mèche de cheveux derrière son oreille, mais rebelle, elle se détache, ce qui m’arrache un sourire. Je me penche pour embrasser son front. 

    Une douche fraîche apaise un moment mon humeur de chien. Le soleil va bientôt se coucher et Blake m’envoie faire le sale boulot, juste des avertissements pour cette fois-ci. Paye ou tu en payeras le prix de ta tête. C’est surprenant de voir à quel point les gens sont motivés quand on s’attaque à leur vie ou celle de leurs proches.

    Je dois aussi retrouver Shane, et cette fois-ci, il est hors de question que cet abruti me file entre les doigts. Ce soir-là, quand Jaëlie est rentrée, secouée par ses sanglots, je voulais lui dire que j’allais faire ce qu’il fallait pour qu’il règle ses problèmes, mais je n’ai pas pu, j’ai profité d’être encore dans ses bonnes grâces pour lui faire l’amour comme je ne l’avais jamais fait. Et quand j’étais certain qu’elle dormait profondément, je suis monté chercher son frère par la peau du cul, mais il n’avait pas attendu aussi longtemps et s’était déjà enfuit. Je savais qu’elle allait être déçue, pas que les trois Caballeros de Blake auraient fait tout ce chemin pour essayer de me doubler. J’étais hors de moi quand j’ai reçu le MMS de Vito avec JJ inconsciente, je n’ai pas dormi pour rentrer ici au plus vite.

    Chapitre 22

    Je me sèche les cheveux, éreinté, mais Blake m’a laissé deux semaines pour m’acquitter de ma mission secondaire , avant de, je cite : « mettre ta copine au catalogue des putes de luxe pour mes amis haut placés ». Et il est bien évident que je ne laisserais pas ça arriver et comme je le disais, c’est surprenant de voir à quel point on peut être motivés quand on s’attaque à quelqu’un qui nous est proche. 

    - Pardon ! 

    La petite voix qui résonne dans mon dos me fait grincer les oreilles, reconnaissant d’avance sa propriétaire.

    - Je ne pensais pas te trouver dans le plus simple appareil ! Mais ça me va !

    - Tu entres dans ma salle de bain sans permission, c’était une option Vanille. Qu’est-ce que tu veux ?

    Son regard s’attarde sur mon entre-jambe, elle se mord la lèvre inférieure et grand dieu ça me fait lever les yeux au ciel. Je noue la serviette autour de mes hanches pour capter son attention. 

    - Blake veut te voir et tu réponds pas à ton téléphone. 

    - Ok. 

    - Mais maintenant que je suis là, je pourrais peut-être faire ce truc sympa avec ma bouche ! 

    Chapitre 22

    Pour la seconde fois, je lève les yeux au ciel. J’ai fait l’erreur de la laisser me sucer dans un moment de faiblesse et depuis elle me court après comme un lapin derrière une carotte. Les relations sexuelles sont interdites au sein de notre groupe, pour garder une bonne cohésion d’après Blake et pour les filles sont même complètement interdite en dehors, mais bon les pipes ça ne rentre pas vraiment dans le cadre, si ? Malheureusement, je crois que si, et je comprends pourquoi le big boss les a interdites. Vanille est devenue insupportable. Je la pousse hors de la salle d’eau.

    - T’es sérieux, tu vas me jeter comme ça ? 

    - Écoute, c’était une erreur, on savait très bien que c’était interdit et maintenant, je sais pourquoi.

    Elle se tourne et jette un œil malveillant à Jaëlie. 

    - Quoi, c’est ta rouquine qui te fait tourner la tête ?

    - Sort de là, tout de suite.

    - Si Blake l’apprend, tu vas le payer.

    Vanille s’insurge et je trouve sa petite tentative d’intimidation pathétique, si bien qu’un rire s’échappe de ma bouche.

    Chapitre 22

    - Si ça peut te faire plaisir ! Je crois qu’à choisir, entre une petite voleuse de bas étage et son tueur à gages, c’est toi qui en subiras les conséquences ! N’oublie pas qui je suis ici, Vanille, Blake ne se débarrassera certainement pas de moi. 

    - Connard arrogant.

    L’ancienne blonde détale furieuse en claquant la porte derrière elle, provoquant un sursaut à la silhouette féminine sur mon lit. Réveillée, elle me lance un regard craintif en me détaillant sur toute ma hauteur avant de se retourner. Comme si en fermant les yeux, j’allais disparaître, malheureusement pour elle, quand elle me regarde de nouveau, je suis toujours là. 

    Je ne sais pas ce qu’elle a bien pu entendre de notre conversation, mais je préfère ne pas m’attarder sur les émotions de JJ et prends de quoi m’habiller. 

     

    __________________________________ 

     

    _Jaëlie.

    Ce sont des éclats de voix qui m’ont sortie de mon sommeil, Jude se dispute avec une fille juste à côté de moi, mais je n’ai capté que la fin. La nana tente de lui faire peur, mais manifestement sûr de lui, Jude l’envoyer chier comme un rien. 

    Après l’avoir insulté, j’entends ses pas furieux sur le sol et elle claque la porte, ce qui me cause un sursaut inattendu, m’obligeant à reconnaître que je ne dormais plus. Après un échange de regard mal assuré, Jude s’empare d’habits et retourne dans la salle de bain.

    Je sais que la porte n’est pas verrouillée, mais pour aujourd’hui, j’ai eu assez de désagréments pour retomber sur l’autre fêlé de Jared. 

    - J’ai du boulot, Saphir viendra te déposer à manger plus tard. Et par pitié, tiens-toi tranquille pendant mon absence. 

    - Qu’est-ce que ça peut te faire de toute façon ? T’as qu’à me laisser partir.

    - JJ, arrête. Je fais déjà tout ce que je peux pour d’aider à sortir d’ici.

    Chapitre 22

    Tout, sauf m’ouvrir la porte et me dire « bon vent et à jamais ». Je me retourne pour ne plus croiser son regard d’assassin. 

    - Va donc tuer des gens, c’est ce que tu sais faire de mieux. 

    Il ne dit rien, je l’entends prendre l’assiette et fermer la porte à clef derrière lui. Je me lève pour aller au petit coin et quand je ressors, Saphir m’attend sur le petit canapé rouge sang. 

    - Si je te laisse monter avec moi dans ma chambre, tu ne vas pas essayer de me trucider pour t’enfuir ? 

    - Je croyais que Jude m’avait interdit de bouger de sa prison ?

    - Ouai, ben Jude est pas là, tu veux venir avec moi ou pas ? 

    Est-ce que c’est un test ? Ils sont en train de se foutre de moi ? Je préfère encore rester ici, plutôt que de tomber sur un des connards qui traînent dans les parages.

    - Il n’y a personne à la maison ce soir, il n’y a que moi pour te babysitter ! C’est comme tu veux, tu peux monter et passer une soirée à peu près normale ou bien, tu peux rester ici et tourner en rond jusqu’à ce que Jude rentre et continuer à le mépriser. 

    Chapitre 22

    - D’accord, c’est bon, je viens avec toi. Et promis, je ne vais pas te trucider.

    - Parfait, mets ça et tourne-toi les mains dans le dos !

    Saphir me tend un masque de nuit que je prends en levant un sourcil.

    - J’ai dit « soirée presque normale », c’est juste pour le trajet, t’inquiète pas ! Moins tu en sauras pour le moment, mieux ça vaudra. 

    Sans broncher, j’enfile l’accessoire sur mes yeux et me tourne dos à elle. Saphir me passe des menottes et je la laisse me diriger à travers les escaliers et les couloirs jusqu’à sa chambre. Elle me retire menottes et masque, et je dois attendre que ma mise au point se fasse. 


     

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  • Dimanche 7 Avril (suite)

    Je ne sais pas comment qualifier la chambre de Saphir. Un bel espace avec un grand lit, un bureau et pas mal de matos informatique, mais le plus « bizarre », ce sont tous ces tableaux licornes ! Je ne m’attendais pas à trouver ceci dans sa chambre. 

    - Alors qu’est-ce que tu en penses ?

    - Euh... c’est très mignon !! 

    Elle me sourit largement avant de m’indiquer le lit pour que je m’y installe, ce que je fais timidement.

    - Je vais nous chercher de quoi passer une bonne soirée ! Je m’ennuie en ce moment et je veux savoir qui tu es !!

    Saphir s’éclipse, me laissant le choix, rester ici sagement ou bien profiter de son absence pour quitter la maison. Je m’apprête à me lever pour prendre la porte quand je remarque le digicode à côté de celle-ci. Putain, ils sont vachement sécurisés ici.

    - J’espère que t’as rien contre l’alcool et les chips ?

    - L’alcool ? Tu veux me saouler ?!

    - Moi non ! Mais toi ? Tu veux ?

    Chapitre 23

    On sait tous que moi et l’alcool ça fait mauvais ménage, mais si je pouvais oublier l’espace d’un instant ce foutoir, alors pourquoi pas.

    - Si je peux m’enivrer au point de tomber dans le coma et arrêter de voir l’autre tête de con, ouais.

    - Pourquoi tu parles de Jude comme ça ?

    - C’est un menteur, un manipulateur, un tueur et sans doute même un violeur. C’est suffisant comme raisons, je pense.

    Le visage de Saphir se teinte de tristesse. Je prends la bouteille de sa main et ingurgite cul-sec une grande quantité de whisky. L’alcool me brûle la gorge, mais j’ai besoin de m’abrutir au plus vite.

    - Qu’est-ce que tu fais avec cette bande de tarés ? Tu m’as l’air d’être une fille normale.

    Elle rit en prenant une gorgée à son tour.

    - J’étais livrée à moi-même dans cette jungle de la ville... et je suis plutôt douée avec la technologie. Blake m’a pris sous son aile et je lui en suis reconnaissante, même si ce qu’ils font n’est pas des plus honnêtes. J’ai installé tout le système de la maison. Et j’en suis fière !

    - Tu veux dire que c’est impossible de sortir ?

    - Et c’est même impossible d’entrer ! 

    Chapitre 23

    C’est bien ma veine vraiment. On continu de boire et de parler pendant un moment. Elle me raconte d’où elle vient, je lui raconte un peu ma vie, mais je reste vague. Et puis les langues se délient et le sujet que je redoute me tombe dessus.

    - Tu sais, Jude tient vraiment à toi !

    - Tout ce qu’il veut, c’est me baiser, avec ou sans mon consentement.

    - Je crois que c’est le mec le plus respectueux envers les femmes que j’ai jamais vu, tu l’as juste blessé.

    - Et moi ? Tu crois qu’il ne m’a pas blessé ?

    - Laisse-lui une chance... il est en train d’essayer de te sortir de là. Je t’assure qu’il en vaut la peine.

    - Pourquoi tu ne tentes pas ta chance alors ?

    - C’est mon frère, c’est tout !

    Lui laisser une chance ? Une chance de quoi ? De me briser une fois encore ? Je m’affale sur le lit et paf plus personne à l’horizon en moins de deux secondes.

    Chapitre 23

     

    __________________________________ 

    Lundi 8 Avril

    _Jude.

    Je rentre tard, il est pratiquement trois heures du matin, comme d’habitude, je suis le dernier à passer la porte. Je prends la direction de ma chambre, j’ai besoin d’une douche chaude et de savoir que JJ n’a fait aucune connerie. En passant devant la chambre de Blake, j’entends Cal gémir à en perdre haleine, mon corps se tend de savoir qu’il ne pourra plus jamais se satisfaire du corps somptueux de ma Rebelle. Dans la chambre de Jared, c’est le même cinéma, j’entends les corps qui s’entrechoquent. 

    La porte de ma chambre est ouverte et la pièce est vide. La panique s’empare de mon sang, je déboule dans la chambre de Jared m’imaginant qu’il a commis l’impensable avec la femme que je vénère, mais la fille qu’il culbute n’est pas ma rouquine. C’est soulagé que je remonte et vais trouver la seule ici capable de me dire où elle a bien pu passer.

    - Saphir !

    - Hey beau mec ! Pas b’soin d’crier !

    La pression retombe directement quand je retrouve ma beauté rousse endormie sur le lit de mon amie.

    Chapitre 23

    - Bordel Saphir t’aurais pu me prévenir, j’ai failli faire une attaque.

    - D’solée, on a un peu picolé !

    - Je vois ça ! 

    - J’crois qu’elle t’aime !

    - Elle me déteste !

    - Tu l’as blessée, c’est une femme Jude… 

    - Va te coucher !

    Mon amie pense connaître les sentiments de Jaëlie, mais tout ce qu’elle ressent envers moi, c’est de la haine et du dégoût. Et même si ça me blesse, je préfère ça à l’amour, sachant pertinemment que je ne pourrais jamais lui apporter ce dont elle aura besoin avec le temps, la stabilité et la sécurité. Je porte JJ dans mes bras et elle est toute molle. Elle sait qu’elle ne supporte pas l’alcool, pourquoi s’obstiner à en boire. Je m’arrête dans la cuisine et la pose sur l’îlot.

    Chapitre 23

    - Allez, tiens-toi droite deux minutes et boit ce verre d’eau.

    - Laisse-moi tranquille.

    - Fais pas l’enfant Rebelle. Bois ! 

    Elle descend son verre d’une traite puis s’arrête pour me regarder, malgré la nuit ambiante, je peux sentir ses yeux me brûler. 

    - Tu as les yeux si bleus…

    - Il fait nuit et j'ai ma capuche.

    - Mais je m’en souviens ici, je me souviens de pleins de choses que je veux oublier…

    Jaëlie me montre sa tête puis la penche un peu sur le côté avant de manquer de tomber du meuble.

    - Attention ! Viens par là.

    - Me touche pas, je t’interdis !

    - Tu ne tiens même pas debout.

    Chapitre 23

    Elle s’accroche finalement à mon cou et pose sa tête sur mon torse. 

    - Très bien, vas-y porte moi et ramène moi dans ma prison.

    Je la soulève donc et reprends le chemin jusqu’à notre destination finale. Je savoure son contact si bref et la dépose sur le lit. Elle rampe jusqu’à l’autre côté et s’endort pendant que je vais prendre ma douche. 

    Je suis si fatigué et le canapé ne me repose pas du tout. Je me glisse à l’autre bout du lit aussi loin que je le peux de Jaëlie. 

    Ses sanglots qu’elle veut silencieux ne le sont pas du tout, et même si je me répète de ne pas la toucher, je n’aime pas l’entendre pleurer. Je m’approche lentement et elle me dit alors : 

    - Ça y est tu viens chercher ce que tu veux ? Profites-en pendant que je suis saoule.

    - Arrête avec ça. Je veux juste te prendre dans mes bras et faire cesser tes larmes Rebelle. Je te l’ai déjà dit, je ne suis pas ce genre de mec.

    - Fais-le, s’il te plaît. Pendant que je t’ouvre la porte que je m’obstine à fermer, fais-le parce que quand je serais de nouveau moi, je n’aurais qu’une seule envie. Te tuer.

    Ses mots me glacent le sang, mais je la serre contre moi tendrement. Elle pousse un soupir de satisfaction, blottit entre mes bras. Est-ce qu’elle s’oblige autant à me détester ? 

    Chapitre 23

    Au réveil, après la courte nuit qui vient de s’écouler, Jaëlie est toujours près de moi, si je bouge, j’ai peur de la réveiller, peur de briser ce moment si proche d’elle. Comme un idiot, je reste là avec mes fourmis dans le bras, à respirer son parfum, à la regarder. Lorsque je sens qu’elle va se retourner pour se caler encore plus près de moi, je me lève. Je n’ai aucune envie qu’elle se réveille en me lançant un regard haineux.

    J’entre dans la douche rapidement et sort de la chambre plus vite que mon ombre. Je lui ramène des cachets pour sa gueule de bois ainsi qu’un petit-déjeuner avec une dose de sédatif que j’ai mis à l’intérieur plus petite. 

    Par pure folie, je tente d’ouvrir la salle de bain, d’où j’entends l’eau couler, mais la porte est bien fermée. Je m’éclipse, j’ai des choses à faire aujourd’hui, mes corbeaux ont des informations pour moi.


     

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