• Vendredi 15 Février

    Hier soir, soirée de Saint-Valentin, ça a été la folie au bar à tel point que j’ai même laissé Hazel me ramener devant l’immeuble tellement j’étais crevée. J’ai passé une agréable semaine, métro, boulot, dodo et je n’ai croisé aucun type louche près à me scalper pour revendre ma peau au marché noir. 

    L’homme à la capuche s’est mis aux abonnés absents, malgré que j’aie toqué chez lui tous les jours de la semaine, je voulais qu’on discute de cet incident vendredi soir, mais il n’a jamais ouvert sa porte. 

    Shane a disparu et je n’ai toujours rien, aucun indice, aucune trace, je ne sais pas où chercher, ni quoi chercher, ni même si je devrais continuer à chercher. Il ne serait jamais parti comme ça, je me dis que je vais finir par le retrouver mort et cette idée me glace le sang.

    La soirée est terminée, toujours pas remise de la veille, je somnole, Hazel ferme le bar et se tourne vers moi.

    - Tu veux que je te ramène ?

    - Non, je vais marcher, aujourd’hui ! À demain ! 

    - Comme tu voudras, à demain !

    Je commence à marcher pour sortir du petit lotissement quand une petite voix m’interpelle.

    Chapitre 4

    - Pssst !

    Je regarde autour de moi et ne vois rien, par contre j’entends de nouveau ce « pssst ». Dans l’ombre, une fine silhouette se profile. Je m’approche doucement.

    - Salut !

    - Tu devrais faire attention où tu mets les pieds !

    - Comment ça ?

    - Tu remues les égouts et ça fait sortir les rats…

    - De quoi tu parles ? 

    - Je parle de toi, cherchant ton frère, tu n’aurais jamais dû revenir.

    - Tu connais Shane ? Tu sais où il est ?

    Elle n’a pas le temps de me répondre que l’expression de son visage devient apeurée. 

    Chapitre 4

    - Je dois y aller, je ne devrais pas être là.

    - Attends !

    Et elle s’enfuit comme un chat noir dans la nuit, me laissant sur mes réflexions. De quoi a-t-elle eu peur ? 

    - Il est tard pour traîner dans les rues, seule le soir, JJ ! Tu aimes t’attirer des ennuis ?

    Ou bien de qui ? Encore lui qui sort de nulle part, mais qu’est-ce qu’il fout encore dehors à cette heure-ci ? Et puis c’est qui ce mec bordel ? 

    - Mais t’es qui à la fin ? Tu fais vraiment flipper comme gars. Et j’ai essayé de te parler toute la semaine, tu n’as jamais ouvert ta foutu porte, donc je crois que je me passerais de discuter avec toi maintenant. 

    - Je suis là, discutons !

    - T’es sourd ou tu le fais exprès ? Je n’ai plus rien à te dire.

    Chapitre 4

    Quel lourdingue, le type fait le mort toute la semaine et se pointe maintenant au beau milieu de la nuit, n’importe quoi. En plus, je suis sûre qu’il a fait fuir cette pauvre fille. Et ce qui m’énerve le plus c’est d’être restée coincée sur ce baiser échangé alors que ce n’était rien de plus que lui jouant aux gros bras.

    - Laisse-moi deviner ! Je parierais ma capuche que tu repenses encore à ce qu’il s’est passé vendredi dernier, n’est-ce pas ? 

    Je m’arrête de marcher, quel connard prétentieux, ça me fout la rage qu’il ait visé juste, mais je n’ai aucunement envie de lui donner satisfaction.

    - Absolument pas, ne crois pas une seconde que ce qui s’est passé puisse avoir eu de l’importance pour moi. Tu as donc perdu, retire ta capuche !

    - Tu es une menteuse ! 

    Chapitre 4

    Je me retourne pour lui faire face, je suis peut-être une menteuse, mais lui est un sociopathe. La folie s’est emparée de mon corps et je suis prête à lui arracher cette fichue capuche de la tête, mais il n’est déjà plus derrière moi. Non mais ce n’est pas possible, un vrai ninja ce type, je sens monter ma folie au niveau supérieur. Brrrr ce qu’il m’énerve.

    Je continue de marcher et rentre dans l’immeuble, je passe d’abord par la case buanderie pour récupérer mon linge sec et frais. La fatigue remplace peu à peu l’adrénaline dans mes veines et je baille à m’en décrocher la mâchoire. 

    - Alors, tu es décidé à dire la vérité ?

    Je sursaute d’effroi, je n’en peux plus de ses allées et venues silencieuses et subites. Panier en main, j’avance pour m’installer sur le plan de travail.

    - Non mais ça ne va pas la tête ? J’ai failli avoir une attaque, tu peux arrêter d’apparaître et de disparaître comme par magie ? Tu fais déjà très sociopathe, tu n’es vraiment pas obligé d’en rajouter une couche ! 

    Chapitre 4

    J’aperçois difficilement un sourire se dessiner sur ses lèvres, lèvres douces et très agréables à embrasser. Mon dieu, je divague totalement. Je commence à plier mon linge.

    - D’accord, je suis restée bloquée sur ce baiser que tu m’as donné, mais uniquement parce que je n’ai pas du tout envie d’être catalogué comme ce genre de fille.

    - Quel genre de fille ? Le genre libéré, qui aime s’amuser et n’a pas froid aux yeux ?

    - Le genre salope quoi.

    - Je n’ai jamais dit ça ! Une fille libérée, n’est pas forcément une salope.

    - Oui ben je suis ni libérée, ni une salope, ok.

    Il ne répond rien et j’imagine que comme à son habitude, il s’est déjà évanoui dans la nature. Je soupire de frustration, exactement, je suis frustrée. Un hoquet de surprise s’échappe de ma bouche quand il saisit ma hanche fermement.  

    - En tout cas, moi, ça m’a plu de t’embrasser.

    Chapitre 4

    Son souffle brûlant dans ma nuque me provoque la chair de poule et un doux frisson dans la colonne. Il me fait complètement tourner la tête, cela en devient vraiment inconvenant. 

    - Tu dirais n’importe quoi pour mettre une fille dans ton lit, je suis sûre. 

    - Et ça marche ? 

    - Non, pas du tout !

    - Alors pourquoi ton rythme cardiaque s’accélère et que ta respiration devient difficile ?

    En réalité, mon corps est prêt à s’abandonner totalement, mais heureusement ma cervelle fonctionne toujours, plus ou moins, et mets fin à ce petit cinéma.

    - Ça suffit, je ne suis absolument pas revenue ici pour me distraire avec un sociopathe à capuche, je suis revenue pour chercher mon frère. Alors arrête de vouloir jouer avec moi parce que cette partie vient de se terminer. 

    - Peut-être pas ce soir, mais une autre fois, je ne reste jamais sur un échec !

    Chapitre 4

    Il lâche mon corps qui manque de tomber au sol soutenu par mes deux jambes en coton. Et cette fois, je l’entends, qui s’éloigne. Je soupire une fois encore. Si j’étais frustrée il y a dix minutes, je le suis mille fois plus à l’heure actuelle, mais au moins j’ai gardé ma dignité intacte. 

    Je remonte avec mon panier à linge, mon regard se retrouve attiré par la porte 3A quand je passe devant, je secoue la tête et rentre chez Nana. Je ne fais pas un bruit et file prendre une douche bien chaude avant de me mettre sous mes couettes.

    Ma matière grise commence à repenser à la scène dans la buanderie et se demande ce qu’il se serait passé si je n’avais pas remballé Monsieur prétentieux. Et si j’avais répondu tout autrement à sa question ?

    - Et ça marche ? 

    - Foutrement oui !

    Est-ce qu’il aurait commencé à m’embrasser dans le cou, est-ce que ses mains se seraient perdues sur mon corps ? Peut-être aurait-il glissé ses doigts au cœur de mon entre-jambe, faisant des va-et-vient intenses tout en léchant ma nuque. 

    Je l’imagine me plaquer contre les meubles, me penchant en avant pour lui laisser accès à ma féminité, moi gémissant à en perdre haleine, lui, me besognant à en perdre la raison. 

    Chapitre 4

    Les yeux fermés, la scène se déroule sans encombre devant moi, un gémissement s’envole de ma bouche et mon enveloppe corporelle réclame un orgasme, je laisse glisser ma main le long de mon ventre pour trouver, sous la mince dentelle de mon sous-vêtement, cet endroit qui brûle d’impatience de s’exprimer.

    Mes doigts s’activent en imaginant que ce sont les siens, sa langue, et même son sexe qui s’occupent de satisfaire mon envie. En quelques minutes, j’atteins le plus haut degré du plaisir et je finis par m’endormir en me disant qu’il va vraiment falloir que j’arrête de fantasmer sur ce mec totalement inconnu.


     

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  • Samedi 9 Mars

    Alors que je pensais rester ici que peu de temps, me voilà toujours à San Myshuno à servir des cocktails, jusque tard le soir, six jours sur sept. 

    Je me réveille tranquille, normal, c’est Samedi, le soleil déjà levé, normal, c’est midi, je me pose devant la télé avec un bol de miel pops. Une fois finie, je le pose sur la table basse, mon esprit repense aux trois semaines qui viennent de filer, Arizona et moi sommes sortis faire du shopping, Hazel m’a invité au cinéma et Nana est toujours aussi protectrice envers moi. 

    Je me lève et prends la direction de la douche, il faut que je sorte, je ne vais pas rester enfermée toute la journée. Mon esprit s’évade à penser à lui. Il est devenu un véritable fantôme, il a arrêté d’apparaître comme par magie et je me rends compte qu’il me manque. C’est complètement stupide, je ne connais toujours pas son prénom et encore moins son visage. 

    Une fois dehors, je flâne dans les rues comme une âme en peine, il fait soleil et la chaleur se fait ressentir sous ma veste. Cela me rappelle mes voyages, je m’arrête et regarde vers le ciel, un moment pour me ressourcer. J’en ai besoin. 

    Chapitre 5

    Ma vision revient doucement à la normale. Une personne attire mon regard de l’autre côté de la place, je me souviens de ses cheveux noir avec des mèches rouges. J’accélère le pas.

    - Hey !

    La fille marche, bras dessus-dessous avec un homme. Elle ne m’entend pas, je décide de la héler plus fort.

    - Hey ! Arrêtez-vous !

    Elle tourne sa tête vers moi et ils s’arrêtent. Je les rejoins et visiblement elle est paniquée de me voir arriver. Le mec à ses côtés respire les problèmes à l’autre bout du monde, ça me donne froid dans le dos.

    - Je…

    Cette pauvre nana me dévisage comme si j’allais la battre à mort, mes yeux examinent à tour de rôle les deux personnes en face de moi. 

    - Désolé, je me suis trompée, je pensais que c’était quelqu’un d’autre. 

    Chapitre 5

    Elle a l’air soulagé l’espace d’un instant et ils repartent sans dire un seul mot. Je n’ai pas pu lui poser les questions que je voulais, mais elle sait ou me trouver, je suis certaine qu’elle reviendra me voir.

    En attendant, mes pieds me ramènent à la résidence, Arizona arrive en même temps que moi. 

    - Tiens salut JJ ! 

    - Salut ! Tu as l’air vraiment pressé !

    - Je suis en retard sur mon programme, je dois prendre mes affaires, ce soir, je chante dans un bar dans la ville d’à côté. 

    - Bonne chance !

    Elle me remercie et rentre en courant. Je suis son pas et pousse la porte, un voile noir se dirige vers la buanderie. Je m’arrête un instant pour réfléchir puis je commence à monter trois marches. Je me fige et redescends. Je me demande ce qu’il se passe dans ma tête pour faire ça. 

    Chapitre 5

    Je passe, moi aussi dans le couloir, et rejoins le débarras de Nana en face de la buanderie. Coup d’œil en direction de mon obsession, il est en train de mettre sa machine en route. Je m’enferme dans la petite pièce pleine de souvenirs. Je m’adosse à la porte un court moment et me dirige vers un carton plein de papiers. Je tombe sur une photo de mon frère et d’une fille aux cheveux colorés avec des lunettes. Une amie à lui je suppose. Derrière cette photo un texte à l’écriture féminine « je t’aimerais toujours ». C’était peut-être plus qu’une amie… Je fourre la photo dans ma poche avant de ressortir. 

    - Tu me suis ?

    Je sursaute et fais tomber mes clefs. Je me baisse pour les ramasser et je sens son regard sur moi, j’ai la chair de poule dans la nuque. Je me relève et je fais toujours face à une capuche noire.

    - Absolument pas, c’est toi qui m’attends !

    - Tu l’as dit, je suis un sociopathe ! 

    Chapitre 5

    Je ferme la porte à clefs avant qu’il ne saisisse mon bras pour me ramener à lui.

    - Qu’est-ce que tu fais ? 

    Mon cœur s’accélère et ma main se met à brûler, lorsqu’il dépose un baiser au creux de celle-ci, ses doigts se referment sur mon poignet. 

    - Je suis sûre que tu te languissais de moi JJ ! 

    L’arrogant. Je m’arrache à son étreinte avant de tourner les talons pour retourner à l’appartement que je partage avec ma grand-mère.

    - Ton rythme cardiaque te trahit ! 

    Je n’en reviens pas de tomber dans le panneau à chaque fois qu’il s’approche de moi. Trois semaines loin de lui et au premier mot qui sort de sa bouche, je minaude comme une adolescente boutonneuse. 

    Chapitre 5

    Nana est déjà rentrée quand j’arrive, un livre à la main elle est assise sur son canapé. 

    - Ma Lilie, te voilà ! J’espère que ton petit tour s’est bien passé.

    - Très bien, merci, il fait soleil et ça m’a fait beaucoup de bien.

    - Tu as rencontré un garçon ? 

    - Quoi ? Non ! Pourquoi tu dis ça Nana ?

    - Tu as les joues toutes rouges et je connais ma petite fille !

    - C’est juste la chaleur ! Rien de plus ! 

    Nana me dévisage, si ma grand-mère s’y met aussi, je ne suis pas sortie de l’auberge. Je change de sujet aussi vite que possible.

    - J’ai trouvé ça dans le débarras. Tu reconnais cette fille ? 

    Chapitre 5

    Elle étudie la photo avec grand soin et je vois dans ses yeux perler les larmes. Son index passe doucement sur Shane. Nous sommes plus que ses petits-enfants, nous sommes presque ses enfants. 

    - Je ne sais pas qui elle est. Ton frère n’amenait jamais personne ici, mais ça lui arrivait de découcher plusieurs jours… il me manque tellement.

    - À moi aussi.

    Elle pose la photo et prend son livre pour se diriger dans sa chambre. Je sais qu’elle est triste et rester impuissante me ronge de l’intérieur. 

    Je m’enferme dans ma chambre jusqu’au moment de partir au boulot. Hazel me propose de faire un after pour notre dernier soir, et nous enchaînons verre sur verre pendant un peu plus d’une heure. Quand je regarde mon portable, il est 3h30.

    - Bordel ! Faut vraiment que je rentre Hazel ! 

    Je me lève, renverse deux ou trois chaises en titubant.

    - Pas dans cet état, tu vas juste finir dans un fossé ! On a qu’à partager un taxi !

    - Ouai, t’as raison.

    Chapitre 5

    J’écoute Hazel et nous partageons donc un taxi qui me dépose en premier, j’embrasse mon collègue sur la joue avant de le remercier pour la soirée. 

    Je monte tant bien que mal les marches jusqu’au troisième étage. Je suis au bout de ma vie une fois à destination quand je me rends compte que j’ai laissé mon sac au bar. Je m’arrête devant sa porte et je toque doucement puis de plus en plus fort.

    - Hey le sociopathe, ouvre ta porte ! 

    Je continue à crier contre sa porte jusqu’à ce qu’il apparaisse derrière moi.

    - Bordel qu’est-ce que tu fous ? Tu vas réveiller tout le bâtiment. 

    - Qu’est-ce que tu fais là toi ? Tu ne devrais pas être couché ?

    - Rentre chez toi JJ ! 

    - J’peux pas, j’ai pas mes clefs ! 

    - Comment ça t’as pas tes clefs ?

    - J’ai oublié mon sac au boulot !

    Chapitre 5

    Je ne vois pas son visage, mais je suis certaine qu’il est en train de lever les yeux au ciel.

    - Ça va, t’as un canapé non ? Je vais pas réveiller ma grand-mère à cette heure-là. 

    - Putain.

    Il capitule et m’ouvre la porte, je lui emboîte le pas. Il s’arrête brusquement et je percute son dos. Je frotte mon nez qui me fait mal. Il allume une petite lumière avant de se tourner vers moi.

    - Le canapé est là. Passe une bonne nuit.

    Me jeter sur ce canapé pour dormir profondément est la meilleure option qui s’offre à moi, mais évidemment quand on a le cerveau imbibé d’alcool, on se dirige toujours vers des choix moins sûrs. 


     

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  • Samedi 9 Mars (suite)

    Il n’a toujours pas bougé et me scrute comme si j’étais une bête de foire, alors qu’entre nous, c’est lui qui est bizarre. 

    Je m’approche d’un pas, puis deux et enfin trois pour me retrouver tout près de lui. J’attrape son sweat et je l’embrasse à pleine bouche. Il me rend sans pudeur le baiser que je lui donne jusqu’à ce que j’aie du mal à respirer.

    Je quitte mes chaussures, mon haut les rejoint rapidement au sol. 

    - Qu’est-ce que tu fais ?

    - C’est ce que tu veux non ? Et moi aussi.

    Je retire mon jean avant de m’avancer de nouveau vers lui pour l’embrasser. Il pose ses mains chaudes sur mon corps et un vilain frisson parcourt ma peau. Pendant que sa langue joue avec la mienne, il me soulève et me porte jusqu’à son lit. 

    Chapitre 6

    - J’arrête pas de penser à toi et à ce que tu me ferais dans cette situation.

    Il m’allonge sur le lit et sa masse imposante recouvre mon corps presque nu. 

    - Tu es complètement inconsciente JJ ! Tu es déchirée, tu ne sais même plus ce que tu fais et tu te trompes si tu crois que je suis le genre d’homme à profiter d’une fille comme ça. 

    - Où tu vas ? 

    - Sur le canapé, tu ferais mieux de t’endormir.

    Je peste qu’il me laisse en plan, mais mon corps allongé et frustré ne met pas longtemps à s’endormir. 

    Chapitre 6

     

    Dimanche 10 Mars

    Je me réveille dans le mal, un stand de maracas dans la tête et un champ de cactus dans la gorge. Je tremblote et je me rends compte que je suis en sous-vêtements. Mes yeux s’ouvrent difficilement dans un décor qui ne leur est pas familier du tout. 

    Je commence à paniquer, putain qu’est-ce que j’ai fait hier ? J’ai bu jusqu’à plus soif avec Hazel et ensuite, on a pris un taxi. J’arrive plus à savoir où je suis descendue. Si j’ai couché avec mon collègue ça va vite devenir malaisant. 

    Ne voyant pas mes vêtements, je mets le t-shirt masculin posé sur le lit et j’ouvre la porte doucement. Il me faut juste quelques secondes pour découvrir la silhouette, puissante et musclée sous un sweat noir, assise sur le canapé.

    - Bordel de dieu ! 

    - Enfin levée ?

    Chapitre 6

    Ma tête se met à tourner et je me rattrape à la porte. Je remarque à peine qu’il s’est levé pour se planter devant moi avec son aura qui exhale la virilité à plein nez. 

    - On a couché ensemble ?

    - Pourquoi ça a l’air de te dégoûter quand tu poses la question ? 

    Je ne réponds pas, ça ne me dégoûte pas, au contraire, je fantasme sur lui depuis des semaines, mais c’est toujours mieux quand on se souvient de ce que l’on fait de son corps. 

    - On a rien fait, je te l’ai dit hier, je ne suis pas ce genre de mec… la nécrophilie ce n’est pas vraiment mon délire. 

    - Très drôle, vraiment ! Qu’est-ce que je fous à moitié à poil alors ?

    - Ça, c’est de ta faute ! C’est toi qui m’as sauté dessus ! 

    - Quoi ??

    - Tu m’as bien entendu ! Mais ça ne m’intéresse pas quand c’est trop facile ! J’aime bien quand tu résistes ! 

    - Tais-toi ! T’es vraiment un psychopathe. 

    Chapitre 6

    Je me dégage de son étreinte et ramasse mes vêtements avant de retourner m’enfermer dans sa chambre. Je me rhabille en vitesse et laisse balader mon regard sur la petite pièce. Plutôt sympa la déco pour un sociopathe. 

    Quand je ressors, il est posé sur le dossier du canapé, tellement sexy. Je détourne vivement le regard et m’avance vers la porte. Il me rattrape en trois pas.

    - Jude !

    - Quoi ?

    - Jude, c’est mon prénom.

    Je reste là, la bouche fermée, il a décidé d’être plus sociable d’un coup. Devant mon silence, il se racle la gorge. 

    - Contente de mettre un nom sur une capuche ! Vraiment ! 

    - C’est pas l’heure ! 

    - Je dois vraiment y aller maintenant. 

    Chapitre 6

    Son petit numéro de l’homme mystérieux me tape sur le système, je sors de son appartement et me dirige vers le mien et j’ouvre. Nana est assise à table.

    - Mon dieu Lilie, j’étais si inquiète.

    - Désolé Nana, j’ai laissé mon sac au travail.

    - Tu as passé la nuit dehors ?

    - Pas exactement… le voisin m’a hébergé ! 

    - Le voisin, hein ? 

    - Nana ! 

    - Désolé, tu as raison, je me mêle de ce qui ne me regarde pas ! 

    Je lève les yeux au ciel avant d’embrasser le front de ma grand-mère pour aller me doucher, j’ai besoin d’expier mes pêchés sous le jet d’eau brûlant.

    Chapitre 6

     

    Mercredi 13 Mars

    Ma conscience est en pleine torture depuis trois jours, je me suis comportée comme une véritable garce et je déteste ça. C’est moi qui ai bu, moi qui ai toqué chez lui, moi qui me suis imposée. Bref, c’est à moi de faire mes excuses, mais franchement ça va m’arracher la langue de le faire. Il n’est pas tout blanc lui non plus.  

    Je sors pour faire quelques courses et je tombe nez à nez avec une personne que je n’aurais jamais pensé voir ici. 

    - Olympe ?

    - Oh ! JJ ! Tu es là.

    - Qu’est-ce que tu fais ici ?

    Elle est toute confuse et jette des coups d’œil à la porte de Jude, comme s’il allait sortir et lui venir en aide. Et puis je me fais une raison, elle est jolie, dans son style, deux plus deux égale quatre. 

    - Oh ! Je vois ! 

    Chapitre 6

    Je crois que je cache à peine la déception qui m’envahit comme les Huns ont envahi la perse. Le mec s’est joué de moi pendant des semaines pour me faire tomber à ses pieds et comme une conne j’étais à deux doigts de plier.

    - Ah non ! C’est mon frère !! 

    Son frère ? Quelle probabilité pour que je connaisse les deux ? 

    - Ton frère ?

    - Oui. Enfin…

    - Non, mais Olympe, ne cherche pas à lui trouver des excuses…

    - Non, c’est juste que ce n’est pas mon frère de sang, c’est tout. 

    Je n’arrive pas à savoir si elle dit la vérité ou si elle ment. Blessée dans mon amour-propre, je décide de couper court.

    - Bon, je dois faire des courses ! 

    Chapitre 6

    Je passe devant elle. Olympe met quelques instants à ce décider puis me suit dans les escaliers. Ruminer toute la descente n’a pas apaiser mon humeur et je suis prête à remonter pour lui arracher les couilles. 

    - Passe une bonne journée JJ ! Peut-être à ce soir !

    Olympe me sort de mes pensées noires. Je lui fais un petit signe de la main et je prends la direction du petit supermarché au coin de la rue voisine. 

    Je me demande au fond qu’est-ce que ça peut bien me faire qu’il couche avec cette fille, nous ne sommes pas en couple et cela ne risque pas d’arriver.

    Mon paquet dans les mains, je rentre à la maison, mon cœur est serré, mes oreilles sont bouillantes, mon âme s’échauffe, je fais semblant de ne pas comprendre, mais ouai, merde, je suis jalouse et ça me tue de l’avouer.

    Je souffle un bon coup, hors de question de céder à cette sensation plus longtemps. Il ne mérite certainement pas que je me pose mille questions pour lui. 


     

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  • Jeudi 14 Mars

    Perdue dans ma musique, je chantonne en prenant les escaliers jusqu’à atteindre mon étage. J’ai les pieds en compote et rentrer en marchant ne m’a absolument pas aidé.

    - Everybody lieslieslies 

    Je rêve d’une douche chaude et d’un bon lit douillet, mais ma rêverie est interrompue par une grosse main qui m’attrape par le bras. Pas le temps de protester que je me retrouve enfermée dans l’appartement de Jude.

    - Oh ! Mais qu’est-ce que tu fais ? 

    - Je te kidnappe, ça se voit non !

    - Non, mais je suis crevée, je n’ai pas le temps de jouer avec toi Jude !

    Chapitre 7

    Je vois un sourire se dessiner sur ses lèvres et malgré moi je trouve ça craquant. Je me demande à quoi il ressemble. Il serait peut-être temps que je me pose cette question. Je soupire avant de m’excuser, je suis là, autant que ça serve.

    - Je suis désolée pour l’autre soir, je n’étais pas vraiment moi…

    - Tu es désolée pour m’avoir embrassé ou pour m’avoir avoué fantasmer sur moi ?

    - Quoi ??

    - J’ai très bien entendu ce soir-là quand tu m’as dit que tu pensais à moi et à ce que je te ferais dans ce genre de situation.

    Je tourne la tête, rouge de honte, l’alcool m’a vraiment mise à l’envers, incapable de fermer ma bouche, c’est terrible d’être à ce point sotte.

    - Pourquoi tu tournes la tête ? Tu as honte ? 

    - Bien sûr que j’aie honte, je n’aurais jamais dû dire ça.

    Chapitre 7

    Un rire grave sort de sa bouche et percute mes tympans de façon si sexy que j’en frissonne. Jude s’approche de moi doucement comme un chasseur ayant trouvé une proie assez stupide pour se laisser attraper.

    - Tu t’es touché en pensant à moi ? 

    - Jude !!!! 

    J’ai atteint le summum de la honte en devenant complètement écarlate. Mon visage est vraiment très très mauvais quand il s’agit de cacher mes émotions. Complètement humiliée, je décide de partir, mais Jude en a décidé autrement.

    - Pourquoi tu fuis ?

    - Écoute, arrête de jouer avec moi d’accord, je sais que je suis loin d’être ton style de fille et je n’ai pas envie de perdre mon temps avec toi.

    - Qu’est-ce que tu sais sur mon style de filles ? 

    - J’ai vu Olympe sortir d’ici, jolie minois, fine, tatouée, percée, mauvaises fréquentations, bad girl, bref, je ne te fais pas un dessin.

    Chapitre 7

    Je parle trop. J’aurais dû me taire et filer d’ici en vitesse au lieu d’essayer de justifier une situation inconfortable. En tout cas, cela le fait rire.

    - Tu es jalouse ? 

    - Non, ne va pas t’imaginer des trucs.

    - Olympe m’a dit qu’elle t’avait croisé, elle a aussi dit que tu avais l’air… déçue

    - Elle a vraiment mal crue d’accord.

    - Tu ne sais pas mentir JJ ! Olympe est comme ma sœur, il ne se passe rien entre elle et moi.

    - Bien, désolé pour toi, vraiment, maintenant, je dois y aller.

    - Non, attends !

    Un ordre m’est donné et qu’est-ce que je décide de faire ? Moi, la fille caractérielle. Je m’arrête, comme une pauvre gourde. Jude me retourne et je reste là à dévisager sa capuche noire qui dissimule son visage.

    Chapitre 7

    - Pourquoi tu n’enlèves pas ça ?

    - Parce que.

    - Parce que quoi ? Parler à ta capuche ça va bien cinq minutes…

    - Parce que je déteste ce visage qui est devenu le mien…

    Je me demande quels genres d’épreuves il a pu traverser et je ressens une pointe de peine dans le cœur. J’approche doucement mes mains de sa capuche, mais il saisit mes poignets et recule.

    - Non ! 

    - Jude, retire-moi cette capuche, rien de ce qu’il y a là-dessous ne peux être plus effrayant que les seins de ma prof d’anglais en troisième.

    Un léger rire se fait entendre, mais il reste toujours là, droit comme un piquet, s’il ne veut pas se montrer à moi alors tant pis, mais je ne vais pas rester ici toute la nuit, je dois rentrer.

    Chapitre 7

    - Je dois y aller, il est vraiment tard.

    - C’est juste que je ne laisse personne me voir… pourquoi le ferais-je avec toi, au risque que tu ne me regardes plus comme avant ?

    - Arrête de mélodramatiser, bordel, laisse-moi en juger par moi-même.

    A l’heure actuelle, je n’ai vraiment plus aucune patience à lui accorder. C’est finalement après un long soupire qu’il lève ses puissants bras pour retirer cette maudite capuche. 

    Et je reste là, sans un mot à le dévisager, un visage d’ange abîmé par des cicatrices profondes et nombreuses. Qu’a-t-il bien pu lui arriver ? Pourquoi se cache-t-il en permanence du regard des autres ? Et pourquoi cède-t-il à moi, alors que je n’ai rien d’extraordinaire ? Autant de questions se bousculent dans ma tête et ma bouche est toujours muette.

    - Je savais que je n’aurais pas dû faire ça…

    Chapitre 7

    Il remet sa capuche en place et je me réveille de ma léthargie instantanément pour lui retirer ce morceau de tissu.

    - Espèce d’idiot.

    Allez savoir pourquoi j’ai ressenti le besoin de lui dire ça, mais je l’ai fait, juste avant de l’embrasser. Surpris, il se laisse faire et garde les mains le long de son corps avant de me céder et de m’encercler tendrement.

    - Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu veux te cacher.

    - Parce que je ne supporte pas mon visage, ce n’est plus moi…

    - Commence par t’aimer toi-même si tu veux que les autres t’aiment !

    - Justement, je ne pourrais jamais m’aimer… 

    - Tu dramatises.

    Chapitre 7

    Je lève la main jusqu’à ses joues creusées par des entailles profondes et mal cicatrisées. Son visage se love contre ma paume, les yeux fermés, j’ai soudain envie de pleurer. Je retiens mes larmes du mieux que je peux, mais ma voix me trahit.

    - Comment… comment tu as fait ça ?

    - C’est compliqué. Et je t’interdis de pleurer pour moi, jamais, tu m’entends.

    Il est tout à coup énervé, je ne sais si c’est contre moi ou contre lui, mais il s’éloigne de moi.

    - Je ne veux ni de ta pitié, ni de ton amour, ni de tes larmes.

    - Parfait, avec ou sans capuche, je continuerais à te regarder comme le sociopathe que tu es, fais-moi confiance. 

    Piquée au vif, je tourne les talons pour cette fois-ci sortir une bonne fois pour toute. Mais comme le dit le proverbe, jamais deux sans trois, Jude m’empêche de sortir une fois encore. 

    Chapitre 7

    - Excuse-moi, je ne voulais pas crier, mais cette situation est désagréable pour moi. J’ai toujours envie que ton rythme cardiaque s’accélère quand je te touche, que ta bouche réponde à la mienne quand je t’embrasse et que ton corps frissonne quand je le caresse, je n’ai pas envie de voir la peur dans tes yeux, ni même la pitié…

    Il est là, à parler comme un moulin, et je ne veux qu’une chose, lui sauter dessus et en faire mon dîner. Et pourquoi devrais-je me retenir de faire ce que j’ai envie ? Je pense que les femmes aussi ont le droit de vivre les plaisirs de la chair comme bon leur semble.

    - Jude, t’es une vraie gonzesse, tu parles trop ! 

    Il se tait immédiatement, confus, et j’en profite pour lui sauter dessus sans lui laisser le temps de réfléchir. Je l’embrasse et sa langue ne met pas longtemps à chercher la mienne. 

    Je retire son maudit sweat à capuche de son corps et caché sous un débardeur, se dévoile un torse musclé et tatoué, mais aussi endommagé par de larges blessures plutôt anciennes elles aussi. 

    Ni pitié, ni peur, ni amour. Elles ne me dégoûtent pas et je fais donc comme si elles n’étaient pas là, laissant ma langue remonter le long de sa nuque.

    Chapitre 7

    Jude lâche un grognement avant de retirer tous mon superflu d’habits et je me retrouve toute démunie, sous son regard aguicheur. Le rouge me monte aux joues alors qu’il est là à m’observer.

    - Tu es aussi parfaite que je l’imaginais ! 

    Devant mon air interrogateur, il s’empresse d’ajouter alors :

    - Crois-tu avoir été la seule à fantasmer ces derniers temps ?

    Et il n’attend pas ma réponse avant de me coller contre sa porte, sa bouche sur la mienne, ses mains dévalant mes courbes et ses doigts trouvant le centre de mon plaisir.


     

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  •  Jeudi 14 Mars (suite)

    Je suis au chaud, bercée par la respiration de Jude sous mon bras. Je veux rester dans ma bulle et refuse d’ouvrir les yeux. Il doit être tard et je n’ai aucune envie de revenir à la réalité de ma vie. J’ai passé la meilleure nuit depuis bien longtemps.

    Encore apaiser par le parfum de l’homme à côté de moi, je repense à cette nuit magique. Celle où j’ai lâché prise et que j’ai uniquement pensé à moi. 

    Je ferme un peu plus les yeux pour n’oublier aucun détail après qu’il m’ait plaqué contre cette porte complètement dénudée. 

    Ses doigts allant et venant en moi, sa bouche humide contre ma nuque. Malgré moi, je sens mes doigts se crisper sur le torse de Jude et mon entre-jambe fourmiller de désir. 

    Et lorsque je le revois en train de me prendre sur ce lit, comme un sauvage, un léger gémissement s’échappe malencontreusement de ma bouche.

    Chapitre 8

    - Salut Rebelle !

    - Ne me regarde pas…

    - Sérieusement, JJ, crois-tu que je sois le mieux placer pour critiquer ton aspect le matin ?

    À force de le voir avec sa capuche, j’avais presque oublié ce qui se cachait dessous. 

    - Désolé… mais tu sais, j’avais même oublié ce détail…

    - Moi pas.

    Je me penche sur le côté du lit pour voir mon portable et je suis horrifiée de voir l’heure.

    - Quoi il est déjà 15h ? Bon sang, il faut que je rentre.

    - Tu n’es plus une ado ! Je crois que tu n’as de comptes à rendre à personne !

    - Tu ne comprends pas, elle a déjà perdu mon frère… je ne veux pas l’inquiéter d’avantage.

    - Ton frère ?

    - C’est compliqué ! 

    - Oh, je vois, tu décides de retourner mes propres phrases contre moi ! Très bien !

    Chapitre 8

    Un sourire s’affiche sur mon visage, mais disparaît aussitôt lorsque sa tête se retrouve entre mes jambes.

    - Mon dieu, mais qu’est-ce que tu fais ?

    - Ne me dis pas qu’on ne t’a jamais léché comme il se doit ?

    Je lève les yeux au ciel, Jude est toujours aussi… lui-même en réalité, sans aucun tact.

    - Je t’ai dit que je devais rentrer.

    - C’est moi qui vais la rentrer !

    Choquée, médusée, sidérée, éberluée… autant de synonymes pour marquer ce que je ressens en entendant les paroles de Jude. Je m’apprête à ouvrir la bouche pour faire part de mon mécontentement, mais ce n’est pas tout à fait ce qui sort quand sa langue s’abreuve directement à la source de mon plaisir.

    - Oh mon dieu ! 

    - Continu à m’appeler Jude, ce sera plus simple ! 

    Chapitre 8

     /!\ Image bonus n°1 - softImage bonus n°2 - soft /!\ 

    Je ris avant de gémir de nouveau, les doigts crispés dans les draps, les dents mordant mes lèvres pour contenir la fougue qui me parcourt. 

    Mon amant se concentre pendant de longues minutes à me donner un plaisir incommensurable avant de s’arrêter. Tout essoufflée, je peine à retrouver mon rythme, et je n’ai pas le temps de me remettre que Jude me possède une nouvelle fois d’un coup de reins assuré et brutal.

    Le petit cri, entre douleur et plaisir, qui s’échappe de ma bouche, résonne dans la pièce. S’en suit des gémissements et des grognements de plus en plus intenses sous les assauts frénétiques de Jude. Et lorsque je me laisse emporter au comble de bonheur, il me rejoint satisfait de sa performance.

    Allongé à côté de moi, la respiration lourde, la peau mouillée et parfumé à la sueur et au sexe, Jude est le mec le plus excitant de la planète. Et je sais ce que je dis, j’en ai vu pas mal aux quatre coins du globe.

    - Maintenant, tu peux partir.

    Chapitre 8

    J’ai la désagréable sensation de me faire jeter dehors comme une vulgaire prostituée et cela me glace le sang. Je ramasse mes affaires et lui fait savoir que je vais prendre une douche avant. Il acquiesce d’un mouvement de menton, et tête baissée, je rejoins la salle de bain.

    J’ouvre l’eau pour que le chaud arrive puis je m’engouffre sous le jet brûlant. Chaque perle d’eau s’abat sur mon corps affaibli, comme un coup de fouet. Je reste là, sans bouger, bercée par le bruit et la moiteur de l’air. Je réagis à peine quand je perçois la masse imposante de Jude se glisser derrière moi. 

    Il s’empare du gel douche et m’en fait couler sur le dos. De ses deux grandes mains, il recouvre ma peau de mousse et frotte avec douceur. Mes épaules, mes bras, mes flancs, mes fesses, mon ventre, et jusqu’à mon sanctuaire encore endolori. Tout ce qui se trouve à sa portée est savonné. Sa bouche se perd dans ma nuque, entre baisers et mordillements, mes jambes flageolent. Il se lave à son tour et j’en profite pour sortir et m’enrouler dans une serviette. 

    Mon cerveau tourne à mille à l’heure, est-ce ça qu’il voulait ? Me prendre pour mieux me lâcher du haut de sa tour après ? Je me sens rouler dans la farine, idiote, furieuse…

    Chapitre 8

    - Tu es si expressive JJ !

    - Pardon ?

    - Tu rumines depuis que je t’ai dit que tu pouvais partir.

    - Non ! Je m’inquiète juste pour ma grand-mère qui est sûrement en train de s’inquiéter elle-même pour moi.

    - Arrête ! Tu ne sais pas mentir ! Tu crois que je te mets à la porte maintenant que je t’ai baisé ? 

    C’est rageant de le voir toujours taper en plein dans le mille. J’ai l’impression d’être transparente.

    - Tu as seulement mal interprété ma phrase, si je le pouvais, je te garderais au lit pour te dévorer toutes les heures de la journée !  

    Je rougis de plaisir en pensant à ça et m’apprête à ouvrir la bouche, mais il me devance.

    Chapitre 8

    - Je ne suis pas le genre de mec à profiter d’une fille ivre, mais je ne suis pas non plus le genre de mec à utiliser les femmes comme des mouchoirs jetables si cela te préoccupe !

    - Est-ce que tout est écrit sur les pores de ma peau ? Non parce que sinon, il faut vraiment que je retourne frotter mon visage… 

    - Pour moi, tu es un livre ouvert, prêt à me laisser lire tes secrets !

    - Arrête de jouer les lover, Jude, nous savons très bien aussi que tu n’es pas ce genre de mec ! 

    Un large sourire fend son visage abîmé et l’espace de quelques secondes un frisson d’effroi parcours mes entrailles.

    - Arrête de te poser des questions ! Vis au jour le jour ! La vie n’en est que meilleure ! 

    - Ça, je le sais, crois-moi. 

    Sur cette basique constatation qu’il est en train de faire changer mes habitudes, je me rhabille et m’apprête à sortir de la salle de bain.

    Chapitre 8

    - Tu pars sans dire au revoir ? 

    - Au revoir, Jude ! 

    Alors que j’ai peur que ce soit lui qui me laisse tomber, je décide de prendre les rennes et de celer mon cœur derrière un mur aussi haut que celui de la Garde de nuit. Hors de question que je me laisse emprisonner par mes sentiments et de finir par ramper devant lui comme une camée qui veut sa dose. 

    J’entre dans le petit appartement cosy de ma grand-mère qui est bien silencieux.

    - Nana, tu es là ? Je suis rentrée !

    Elle surgit tout doucement du minuscule balcon attenant au salon, un sourire aux lèvres.

    - Je suis désolée Nana, j’aurais dû te prévenir que je ne rentrerais pas ! 

    - Ma chérie, tu es grande et c’est normal d’avoir ta vie… même si la disparition de ton frère pèse encore sur mes épaules, je ne peux pas t’empêcher de vivre.

    - Je suis quand même désolée…

    - Tu as passé une bonne soirée ? 

    Chapitre 8

    Le rouge me monte aux joues avec les images qui défilent devant mes yeux.

    - Oui… il se peut que… parfois, je ne rentre pas le soir…

    - J’aimerais bien rencontrer la personne qui fait pétiller tes yeux ma chérie !

    - Nana !!!! 

    Ma grand-mère rit si spontanément qu’elle m’entraîne à sourire largement, je l’embrasse sur la joue avant de rejoindre mon petit coin. Je retire mes vêtements de la veille et me lance sur le matelas.

    Il faut vraiment que je me repose avant d’attaquer mon service ce soir, sinon je risque fort de ne pas réussir à tenir toute la nuit… et qui sait peut-être que Jude me laissera à nouveau profiter de ses talents au lit. 


     

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