Dimanche 17 Mars

Quand je pousse la porte du hall d’entrée, la nuit est tombée depuis des lustres et le jour va bientôt pointer son nez. Je viens de finir mon service, il est pratiquement 3h30 et je suis agacée. 

Mes espoirs de jeudi se sont envolés comme des feuilles d’automne en plein mistral. Pfiout. Mais oui, « je ne suis pas le genre de mec à utiliser les femmes comme des mouchoirs jetables » mon cul. Je suis plutôt le genre beau parleur, prêt à dire n’importe quoi pour baiser tout ce qui passe. Moi, y compris en plus, putain. 

En passant devant sa porte, je ne peux pas m’empêcher de lâcher un fuck puéril, et je trace dans l’appartement cocoon de ma grand-mère. Pas un bruit, je jette ma veste sur le canapé et je me sers un grand verre d’eau.

La fraîcheur du liquide qui coule dans ma gorge, apaise mon humeur l’espace de 3 secondes et la furie en moi se réveille de nouveau. Je saisi un bloc note dans un tiroir et laisse un message à Nana. 

Je ressors aussi silencieusement que je suis entrée et quelques pas supplémentaires me mènent exactement où je veux me rendre. Je souffle un grand coup et je toque doucement sur la porte.

Bien évidemment, il ne répond pas. Je pose bêtement la main sur la poignée et l’enclenche. À ma grande surprise, sa porte s’ouvre et je trouve Jude dans un étrange rituel pour l’heure qu’il est. 

- Je me demandais quand tu allais revenir ! 

Il est gonflé le mec. Il saute habilement sur ses pieds puis se débarrasse de ses écouteurs d’un mouvement rapide.

- Bon sang, mais c’est quoi ton problème mec ? 

Jude se contente de me regarder, l’air nonchalant, attendant que je m’explique, je suis à deux doigts de lui arracher les yeux de la tête.

- Je ne comprends pas comment tu fonctionnes ? Tu fais le mort depuis jeudi.

- C’est toi qui es partie comme une voleuse, tu ne crois tout de même pas que j’allais te courir après ?

Étonnée, je ne sais plus quoi dire, il m’a cloué le bec, mais je ne veux pas lui laisser le plaisir de cette victoire alors je baragouine n’importe quoi.

- C’est toi qui me cours après depuis des mois, bien sûr que j’attendais que tu reviennes. J’ai la furieuse impression de passer pour une conne et puis pourquoi tu fais des abdos à cette heure-ci d’abord ?

Jude éclate de rire ce qui a le don de m’irriter plus encore. Je me renfrogne comme une gamine de 4 ans.

- Tu es tendue !

- Non, pas du tout, je ne suis pas tendue, c’est toi qui me rends malade, tu ne peux pas te contenter d’être un mec simple, putain.

- Tu es vraiment tendue !

Je souffle devant sa mauvaise foi et il s’approche de moi en un tour de main. Je me retrouve collée contre son corps, sa bouche sur la mienne et ses deux mains agrippant mes fesses pour me soulever.

Mon mystérieux amant me dépose sur le canapé et commence à retirer tout ce qui m’habille. Nos langues réunies, il se dépêche de se débarrasser de son pantalon et son boxer.

- Je pense que c’est un cas d’urgence, tu peux te passer de préliminaires !

Pas le temps de me révolter que je suis retournée comme une crêpe et prise comme une dinde qu’on fourre de farce à Noël, brusquement et sans ménagement. Les cris qui se dispersent dans la pièce font écho à mon état de manque.

Avec ses doigts, il trouve le point central de mon plaisir et s’active pour me faire jouir. Mes ongles enfoncés dans le tissu, je me laisse planer et Jude me rejoint juste après.

Toujours à genoux sur les coussins, je reprends ma respiration et Jude se dirige vers la salle de bain. Je jette un œil à son superbe cul qui passe devant moi, il retire la capote et jette son t-shirt dans la panière de linge avant de revenir. 

Planté devant moi, il me soulève du canapé et me porte jusqu’à son lit. Complètements nus, nous sommes allongés l’un près de l’autre dans un silence de mort.

- Ça va mieux ?

Je reste toujours silencieuse, je me rends compte que j’avais besoin de ça et j’en ai honte.

- Tu sais pourquoi je fais des séries d’abdos à 3h du matin ?

Mon voisin de lit me jette un coup d’œil et je ne réponds toujours pas, je me contente de lui demander « pourquoi ? » avec mes yeux.

- Parce que ça m’aide à évacuer la tension ! Surtout avec l’abstinence que tu m’infliges depuis jeudi ! Y’a pas de honte à aimer le sexe, c’est comme une drogue, et c’est normal d’être à cran lorsque l’on n’a pas sa dose ! 

- C’est que je ne suis pas comme ça d’habitude…

- Eh bien, faut croire qu’entre nous ça match au lit !

Un léger sourire aux lèvres, il embrasse ma joue avant de fermer les yeux. Je me laisse emporter par la fatigue à mon tour et rejoins le pays des rêves.

Je me réveille, la chair de poule sur la moindre parcelle de mon corps, je commence à trembloter. Il fait déjà jour dehors, je me lève pour chercher de quoi m’habiller. Je fouille dans l’armoire de Jude.

- Qu’est-ce que tu fais ?

Je laisse échapper un cri de surprise avant de me retourner et de contempler son corps dénudé et apparemment prêt pour plus si affinités, je rougis et détourne le regard.

- Je… j’ai froid, je cherche un sweat dans tes affaires.

Jude se lève et sort de son placard de quoi me couvrir avant de m’enlacer. 

- Je connais un bien meilleur moyen de te réchauffer !

Pas besoin d’en dire plus, je le laisse me réchauffer à sa façon. Entre tendresse et brutalité. 

Caché sous le sweat trop large de Jude, nous reprenons nos esprits encore embrumés par l’orgasme. 

- Alors, as-tu des nouvelles de ton frère ?

- Pourquoi veux-tu savoir ça ?

- Par ce que c’est ta vie, ça m’intéresse ! 

- Non aucune, il a disparu sans laisser de traces et comme il est majeur, les autorités ont laissé son dossier tomber à la trappe… 

- Tu ne laisseras jamais tomber ?

- Bien sûr que non… même si je n’avance pas depuis que je suis ici, je le retrouverai mort ou vif.

- Si tu as besoin, je peux te filer un coup de main ! 

- Merci, c’est gentil.

Un bâillement interrompt notre discussion et Jude me serre un peu plus contre lui et je me rendors bercée par sa chaleur et son parfum. 

Mercredi 20 Mars

Je suis prête à prendre mon service, je descends lentement les escaliers et me retrouve dehors, un léger vent me fait frissonner. Mes pieds commencent à suivre un chemin qu’ils connaissent parfaitement, mais je n’ai pas le temps d’avancer beaucoup, soudain une moto s’arrête juste devant moi.

Tant bien que mal, je distingue que c’est Jude. Il retire sa visière pour me parler.

- Monte, je te dépose !

Il me tend un casque et je le gratifie d’un sourire sincère avant de l’enfiler et de montrer derrière lui.

Le chemin est plutôt rapide, Jude n’est pas du genre à respecter les limitations de vitesse, mais je lui fais confiance. Lorsqu’il coupe le moteur, je redescends sur terre et retire le casque de ma tête avant de le lui tendre.

- Merci ! À plus tard ! 

Je commence à tourner les talons, sachant très bien qu’il ne montre pas son visage en public.

- Et mon baiser ?

Je me retourne et il a retiré son casque et s’est paré de sa capuche. Je reviens vers lui pour l’embrasser, puis il s’équipe de nouveau avant de partir. Machinalement, je lui fais un petit signe de la main, toujours perchée sur mon petit nuage.

En avançant vers le bar, je découvre une silhouette qui ne m’ait pas inconnue. Je m’approche d’elle et son regard d’incompréhension me fait me poser des questions.

Mercredi 20 Mars (suite)

La fille aux cheveux méchés de rouge s’approche aussi prudemment de moi. Elle va peut-être enfin pouvoir m’apporter des réponses sur mon frère.

- Tu sors avec la faucheuse ?

- Pardon ?

- L’homme à la capuche noire…

- Tu parles de Jude ! Il n’a rien d’une faucheuse !

- Tu… tu devrais vraiment faire attention à qui tu donnes ta confiance…

- Comment ça ? 

- Tu sais ce qu’il fait ?

- Eh bien, euh… en fait non pas vraiment…

C’est vrai qu’on n’a pas eu l’occasion de discuter, ce n’est pas vraiment ce que l’on partage tous les deux. 

- Tu sais où est mon frère ?

- Il est parti et…

- Kelia ? Qu’est-ce que tu fais ?

Une autre fille aux cheveux colorés nous interrompt et coupe la fameuse Kelia dans son élan.

- Alva, tu m’as suivi ?

- Soit heureuse que ce soit moi plutôt qu’Aaurian ! Tu n’as rien à faire là, ses affaires ne nous regardent pas.

- Mais Shane était gentil.

- Mais il s’est frotté aux mauvaises personnes, ce sont leurs problèmes.

- S’il vous plait, dîtes-moi ou il est ? 

- Kelia, on doit vraiment rentrer.

- Attends Alva. Il a dit qu’il irait rejoindre quelqu’un de confiance, il a parlé d’une carte postale, c’est tout ce que je sais.

- Merci !

- Fais attention à toi !

Ses mots résonnent dans la nuit et elle se laisse emmener par son amie Alva. Je suis ici depuis trois mois alors que mon frangin s’est taillé je ne sais où. En qui pouvait-il avoir autant confiance et quel rapport avec une carte postale ? Et Jude dans tout ça ? Je commence à me poser beaucoup trop de questions. 

Jeudi 21 Mars
La moto de Jude est garée sur le côté de l’immeuble quand j’arrive. J’appréhende de le retrouver maintenant. Je sais qu’il est un peu bizarre, mais de là à dire que c’est une faucheuse, c’est y aller un peu fort quand même. 

Je souffle un bon coup dans le dernier escalier qui me mène tout droit à notre étage puis je m’arrête devant l’appartement 3A. Je toque et c’est sa grande capuche noire qui m’accueille. 

Sans un mot, je lui retire ce sweat immonde sous lequel il se cache du reste du monde, puis je l’embrasse.

- Salut ! 

- Bien passé le boulot ?

- Parfait. D’ailleurs, tu ne m’as jamais dit ce que tu faisais ! 

- Tu ne me l’as jamais demandé ! 

- Je le fais là ! 

- Soudainement ?

Il relève un sourcil inquiétant. Et je tente de garder ma contenance en face de lui. Il se dirige vers le canapé, puis s’installe, j’en fais de même.

- Je règle les problèmes pour des tierces personnes.

- C’est-à-dire ?

- Comme un médiateur !

Un médiateur ! Je ne vois pas en quoi je devrais me méfier d’un mec qui s’occupe de régler des soucis. Je respire de nouveau, satisfaite de sa réponse, Kelia a dû le confondre avec quelqu’un d’autre, les capuches noires ce n’est pas anodin non plus.

- Tu as des frères et sœurs ?

- Tu me fais passer un interrogatoire ce soir ? 

- Je m’intéresse à ta vie, c’est normal ! 

- J’ai des frères et sœurs, mais pas de sang.

- Famille recomposée ?

- On peut dire ça. Tu as d’autres questions ?

Le ton de sa question est assez agressif et je comprends rapidement qu’il n’aime pas trop parler de lui. Je m’arrête là, pour ce soir en tout cas.

- Non ! 

- Tant mieux !

Je me relève du canapé et je me penche pour embrasser sa joue abîmée. 

- Bonne nuit Jude ! 

- Tu ne restes pas ?

La déception dans le son de sa voix me fait presque plaisir, au moins je ne suis pas la seule à être en manque. Jude et moi c’est bien, c’est même mieux que bien, mais on ne peut pas se contenter de se voir juste pour baiser, il me faut plus c’est certain.

- Je suis crevée ! Je vais me coucher ! Puis... j'ai mes règles !

- Insinues-tu que je suis incapable de me retenir ? 

J’éclate de rire, plus par manque de fatigue que par l’hilarité de ses mots. 

- Pour un soir, je devrais m’en sortir, reste avec moi ! 

Je regarde sa porte d’entrée, puis la porte de sa chambre, la femme faible en moi cède à sa demande.

- D’accord, je veux juste prendre une douche avant ! 

J’embrasse doucement ses lèvres avant de me diriger dans la salle de bain. Je prends une douche très chaude et rapide, ça m’apaise et me fait un bien fou. Je m’enroule dans une serviette et je m’apprête à sortir quand j’entends Jude parler tout seul. Je ne comprends pas trop ce qu’il raconte alors j’ouvre la porte doucement. Il est au téléphone.

- Ça va Blake, laisse-moi faire mon taff comme je l’entends, tu sais très bien que je suis le meilleur dans ce que je fais et…

Et comme s’il m’avait senti, il se retourne et j’ouvre la porte en grand, toujours enroulée dans ma serviette, j’avance dans sa chambre en lui souriant.

- Écoute, je suis occupé là, a plus.

Jude saute par-dessus son canapé pour me rejoindre plus vite que son ombre. La lueur sournoise dans son regard me dit qu’il ne va pas me laisser tranquille.

- Laisse-moi te sortir un t-shirt pour dormir.

Il prend un de ses vêtements dans le placard puis me recouvre avec avant de passer doucement ses deux mains dessous pour ôter la serviette et caresser ma peau avec délicatesse. Il plante un baiser dans ma nuque et malgré moi mon corps réagit. 

- Bonne nuit rebelle ! Il faut que j’aille faire quelques abdos !! 

Puis il sort de la chambre en prenant soin de fermer la porte derrière lui. Je souris, je ne pensais pas qu’il pouvait faire preuve d’autant de self-control. 

Je m’allonge et alors que je pensais me laisser emporter par le sommeil, je n’arrive plus à m’endormir, il est pourtant plus de 4h du matin. J’entends Jude souffler, j’imagine qu’il fait ses abdos ou ses pompes devant la porte. Il doit d’ailleurs être vachement sexy.

Non, j’ai dit que j’étais fatiguée, et puis j'ai mes règles, rien de glamour. Je me demande qui est ce Blake et pourquoi il appelle Jude à des heures improbables. Je repense à mon frère aussi, me demandant ou est-ce qu’il a bien pu aller, et qu’est-ce qu’il a bien pu faire pour mettre en colère de mauvaises personnes. Quel genre de mauvaises personnes ? 

J’entends l’eau de la douche couler et mes paupières commencent progressivement à se fermer et lorsque le sommeil me gagne presque, j’entends Jude rentrer dans la chambre.

- Désolé, je t’ai réveillé.

- Non, je t’attendais.

Debout devant le lit, il me regarde de la plus jolie des manières qui soit, quelque chose dans son regard m’attendris.

Il s’allonge à mes côtés et me sert contre lui, puis parle à voix basse.

- Tu peux t’endormir, je suis là maintenant.

Et c’est ce que je fais, une fois qu’il a embrassé mon front, je me laisse porter dans un sommeil profond. C’est étrange, mais avec lui, je me sens en sécurité. Je me love plus près de son corps chaud et collé l’un contre l’autre, je suis apaisée. 

Samedi 23 Mars

Le soleil est magnifique aujourd’hui et je suis en train de me servir un verre d’eau quand j’ai une illumination soudaine. En qui mon frère aurait eu le plus confiance ? Moi. Pourquoi est-ce que ça ne m’est pas venu naturellement, ce que je peux être bête. 

- Nana ?! 

- Oui ma chérie ?

- Tu sais qu’elle est la dernière carte que je vous ai envoyée ? 

Ma grand-mère se lève de son canapé et se dirige dans sa chambre. Je n’envoyais pas de carte de tous les endroits que je visitais, sinon Nana aurait croulé sous le papier. 

- C’était Selvadorada, il y a pratiquement 6 mois, pourquoi ?

- Je crois que Shane est parti là-bas.

- Pourquoi ne m’a-t-il rien dit alors ?

- Je crois qu’il a des ennuis avec des personnes peu fréquentables.

- Mon dieu, mais qu’est-ce qu’il a bien pu faire ? 

- Je n’en sais rien Nana, mais je vais aller le chercher ! 

- Tu vas retourner là-bas ? Mais c’est si loin.

- Je sais, mais ne t’inquiète pas pour moi, je te promets que tout va bien se passer ! 

J’embrasse la joue de ma grand-mère avant de retourner dans ma chambre, je dois préparer mes affaires, quitter ce boulot de merde et me barrer d’ici pour retrouver mon frangin. 

Et Jude ? Je l’avais oublié, ma foi, si ça doit se terminer comme ça, qu’il en soit ainsi, ce n’est pas une amourette que je suis venue chercher, mais mon frère. Puis nous n’allons pas nous mentir, rien ne nous unis si ce n’est le sexe. Il est discret quant à ses occupations et sa vie, peut-être que d’être de nouveau seul lui fera du bien. 

Un pincement au cœur me fait m’arrêter, c’est que je commençais vraiment à l’apprécier malgré ses secrets. 

- Et le garçon que tu as rencontré, va-t-il te laisser partir mon enfant ?

Nana interrompt le fil de mes pensées, comme si elle savait ce qui m’inquiétait.

- La famille d’abord, Nana, il comprendra. 

Je pourrais partir sans rien lui dire, il finira par m’oublier, c’est certain. Des plans culs, il peut en trouver dans tous les bars de la ville et je sais très bien que c’est ce qu’il cherche prioritairement. 

Il est 17h, je descends rejoindre Arizona que je n’ai pas vu depuis 2 semaines. Je toque à sa porte et je l’entends crier au travers.

- Entre, c’est ouvert !

Je m’exécute. Elle sort de la pièce du fond, comme à son habitude, toujours heureuse.

- Désolé, j’étais en train d’enregistrer un morceau pour mon album ! Il me reste une chanson à faire, tu peux venir si tu veux ! 

- Avec plaisir !

Je la suis jusqu’à sa pièce secrète, un mini studio d’enregistrement. Vraiment cool sérieux. Elle entre dans la salle insonorisée et attrape son micro. Elle se met à chanter magnifiquement bien et je reste là à l’écouter. 

Après plusieurs minutes, elle sort, contente de sa performance à en juger par son sourire.

- Allons boire un coup, je suis déshydratée !

Elle me sert un verre d’eau, parce que rappelons-le, « l’alcool n’est absolument pas recommandé pour garder un corps et un esprit sain », il faut avouer qu’elle n’a pas tout à fait tort. 

- Je suis contente de te revoir Ari, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas posé entre filles.

- Pareil ! J’ai été débordée ces dernières semaines ! Je suis contente de me poser un peu ! Alors quoi de neuf ? Toujours pas de petit-ami ?

- Je ne sais pas si on peut dire « petit ami », mais je vois le gars du 3A !

- Sérieux !? Je savais bien que ce voisin n’était pas juste un « connard » !

- Ça s'est fait comme ça, mais je pense que ça va se finir comme ça aussi…

- Pourquoi ? C’est vrai qu’il fait flipper, ce gars-là n’est pas net, désolé de te dire ça !

- Je suis sûre qu’il ne reflète pas vraiment ce qu’il est ! Jude est meilleur qu’il veut laisser voir ! Et je dois partir bientôt.

- Partir ?

- J’ai une piste pour mon frère, je dois la suivre !

Arizona me saute au cou si promptement que je manque de m’allonger sur son canapé. Je la sers contre moi aussi.

- Tu vas me manquer, tu reviendras vite, je l’espère !

- Je l’espère aussi !

Ma petite voisine me propose de manger avec elle avant que je ne parte bosser et j’accepte avec plaisir. La pluie a commencé à faire des ravages dehors. Je monte enfiler quelque chose de plus chaud, puis je rejoins Hazel au bar.

Mon coéquipier est déjà là quand j’arrive. Je le salue et l’embrasse sur la joue puis je file me changer. Quand je reviens, deux mecs entrent dans le bar et s’installent dans le fond. Hazel étant occupé, j’en fais mon affaire.

En début de soirée, c’est souvent plutôt calme, je retrouve Hazel derrière le bar.

- Il faut que je quitte la ville bientôt.

- Tu as retrouvé ton frère ?

- Pas encore, mais je suis une piste, qui ne me mènera peut-être à rien, mais je dois essayer.

- Je comprends. Marcelo va péter les plombs de perdre sa serveuse au bout de 3 mois !!

- Je vais revenir, normalement, il pourra bien se passer de moi une ou deux semaines ! 

- Discutes-en avec lui !

J’acquiesce avant de reprendre du service. 

Dimanche 24 Mars

Les plateaux s’enchaînent et les derniers clients à sortir sont les deux types du fond. Je ferme derrière eux. La pluie n’a pas cessé et le vent s’est levé également. Hors de question que je rentre à pied avec ce temps. 

- On partage un taxi Hazel ?

- Avec plaisir ma belle !

Le taxi me dépose après mon collègue. Je pose un pied hors de l’habitacle et je manque de m’envoler. Je déteste le vent, je déteste la pluie, bon sang, vivement Selvadorada, au moins il y fait chaud, même les rares fois où il pleut. 

J’avance vers l’entrée de l’immeuble quand un petit bruit m’interpelle. Je regarde à droite, à gauche, mais je ne vois rien. De nouveau, le bruit recommence et lorsque je tends l’oreille, je crois reconnaître un miaulement.

Je tente d’appeler ridiculement la bestiole qui finit par sortir peureusement des buissons. Une petite boule de poils tricolore apparaît devant moi et bien évidemment, je fonds devant sa bouille.

- Oh, ma petite croquette, viens par-là tu vas mourir de froid par ce temps. 

L’adorable chaton contre moi je monte les marches rapidement avant de m’arrêter devant chez Jude. Après un bref instant d’attente, il m’ouvre et pour une fois, il ne porte pas sa capuche. Pas le temps d’être surprise qu’il s’exclame.

- Qu’est-ce que tu fais avec ce truc ?

- Je viens de la trouver en bas dans les buissons, elle est trempée, il fait hyper froid dehors. 

- La seule chatte mouillée que je vais laisser entrer, c’est toi, pas ce machin, hors de question, je déteste les chats.

- Jude !!!! Ma grand-mère est allergique aux chats, je ne peux pas la ramener chez moi.

Jude et sa bienséance. Il me tuera un jour. Il lève les yeux au ciel avant de souffler et de nous laisser entrer dans son appartement. Je pose le chat par terre et quasi immédiatement elle va se frotter contre les jambes de son hôte.

- En tout cas, elle t’aime déjà ! 

Il me lance un regard agacé, alors je m’approche de lui pour l’embrasser bien plus passionnément que je ne le devrais. Un grognement s’échappe du fond de sa gorge.

- Merci !! 

- Ne me remercie pas trop vite. C’est vraiment pour ce soir, après tu me débarrasses de cette horreur.

Mais oui, compte sur moi Jude ! Hors de question que je remette cette petite frimousse dehors, il peut essayer de me faire croire qu’il déteste les chats, je vois bien que ce n’est pas le cas, il veut juste faire sa mauvaise tête. Je me contente donc juste de lui sourire.

- Je suis détrempée, je prends une douche et peut-être que si tu es sage, je m’occuperais de toi après !

Le regarde salace que je lui décoche ne laisse que peu de place à l’imagination et pour toute réponse le sourire en coin qui s’affiche sur son visage me dit qu’il voit très bien la suite des évènements. Je lui jette une serviette propre et lui lance sarcastique : 

- C’est pour la seconde chatte ! 

Dimanche 24 Mars (suite)

Je prends mon temps sous la douche, l’eau chaude me réchauffe lentement. Je suis ennuyée de ne pas avoir de quoi m’habiller dans cet appartement, il faudra que je mette mes vêtements à sécher si je ne veux pas rentrer nue plus tard. 

Je m’enroule gracieusement dans une serviette, douce et bouillante et je sors dans le salon de Jude. Ce dernier est sur son canapé, la minette près de lui. Et il espère me faire croire qu’il déteste les chats après ça !

- Je vois que vous avez fait connaissance ! 

Mon amant prend un air faussement irrité et je les rejoints sur les coussins moelleux. 

- Je suis juste stratège, si je suis gentil avec ce chat, tu le seras avec moi ! 

- Pas très malin de me révéler tes secrets ! 

Le rire profond de Jude échauffe mon cœur et me provoque une douleur lancinante dans celui-ci. Je caresse le chaton qui n’est pas peureux pour un sous. 

- Tu es trop mignonne, comment vais-je te nommer ?

- Quoi ? Non, non hors de question, tu as dit que tu me débarrasseras de ce truc, pas la peine de lui trouver un nom. 

- Tu m’as dit de le faire, je n’ai pas dit que je le ferais ! Nuance ! 

- JJ ! 

- Jude !

- Je ne plaisante pas, ma vie n’est pas faite pour avoir à charge un être vivant.

« Avoir à charge un être vivant », il est, autrement dit en train de suggérer que je suis « un autre être vivant à charge »… l’engagement, je me doutais bien que ce n’était pas pour lui, mais m’en rendre réellement compte me mine. Jude claque des doigts devant mes yeux et je reviens parmi eux dans ce salon.

- JJ ! Crache le morceau.

- Quoi ? 

- Quel est le souci ?

- Aucun ! Je cherchais une solution pour Lys ! 

Un sourcil levé m’indique qu’il ne croit pas un mot de ce que je dis, mais n’insiste pas pour avoir le fin mot de l’histoire. Je me rapproche de lui et jette la serviette derrière le canapé.

- As-tu été sage ?

- Très !

Je détourne vivement son attention comme je sais le faire en me mettant à genoux devant lui. Les mains remontant le long de ses cuisses, saisissant l’élastique de son short. Il m’aide en soulevant le bassin et je libère son sexe de sa prison. Son vêtement rejoint le sol, et je m’attèle à ma tâche. 

J’y prends du plaisir, mais mon esprit divague et je ne suis pas concentrée sur ce que je fais, je m’en rends bien compte et inutile de dire que Jude aussi.

- JJ stop !

Je coupe court à ce massacre illico. Nous nous jaugeons un instant avant qu’il ne prenne la parole.

- Qu’est-ce qu’il y a ? 

Je me relève et il en fait de même, son short sur les chevilles, qu’il se dépêche de remonter. Nue devant lui, je suis démunie.

- Je m’en vais.

Ma bombe larguée, j’attends les retombées hostiles, ou bien les cris de joie plutôt.

- Comment ça, tu t’en vas ? Tu ne veux pas rester ?

- Non, Jude, je m’en vais, ailleurs, dans un autre pays.

- Qu’est-ce que tu racontes ?

- Je crois avoir une piste pour mon frère et je dois la suivre…

- Tu as retrouvé ton frère ?

- Pas encore, justement.

- Je viens avec toi.

Quoi ? Pourquoi ferait-il une chose pareille ? Je lui donne l’opportunité de se retrouver de nouveau seul, de ne plus avoir d’être vivant à charge et il veut m’accompagner. C’est à n'y rien comprendre.

- Pardon ?

- J’ai dit, je viens avec toi.

- Pourquoi te donnerais-tu cette peine ? Je ne suis qu’un autre être vivant à charge.

- Je savais bien que tu cogitais… je parlais juste du chat, JJ, pas de toi, si j’avais voulu dire ça, je l’aurais dit directement.

- Ne veux-tu pas retrouver ta liberté ?

- Pourquoi le voudrais-je, j’aime baiser avec toi.

Romantique jusqu’au bout des ongles. Une déclaration d’amour digne des grands films. Je lève les yeux au ciel.

- Quoi ? Ne t’attends pas à des fleurs et du chocolat avec moi. Ce que l’on partage, c’est avant tout du sexe, et j’aime ça.

- Et donc, tu veux aussi me baiser à l’autre bout du monde ?

- J’aime être avec toi aussi, ça te va ? Ne t’attends pas à ce que je dise que je t’aime, ce serait un mensonge.

Pas surprise, mais tout de même blessée, j’esquisse un mouvement de recul. 

- Vous avez le don de toujours tout vouloir compliquer, de vouloir mettre des mots sur tout. La situation est telle quelle, on baise, rien de plus. Il n’est pas question de restaurant, de sorties au cinéma ou bien même encore que tu me présentes comme ton petit-ami au reste du monde, je ne compte, ni t’épouser, ni te faire des marmots. J’aime quand tu es là, j’aime ce qu’on fait, c’est tout. Ne peux-tu pas profiter de cela ?

- Je… 

Je ne trouve rien à dire à ses mots, il a raison sur toute la ligne, lui et moi ce n’est pas un couple, juste un plan cul en réalité. Et finalement, les mots sont dits, cartes sur table et je me sens tranquillisée. Il n’y a pas de faux-semblant, pas de sous-entendus, juste du plaisir partagé.

- C’est juste que tu as totalement raison, c’est bien qu’on ait eu cette discussion !

Je l’embrasse ardemment et laisse mes mains glisser le long de son torse, je baisse son short et me retrouve à genoux devant lui debout.

- J’adore te voir comme ça ! Montre-moi ce que tu sais faire ma belle !

Avec mes mains pour commencer, puis avec ma langue, je parcours d’un bout à l’autre, sa verge tendue, avant de l’enserrer entre mes lèvres. À mon propre rythme au début, puis à celui de Jude, lorsque celui-ci pose ses deux mains sur ma tête pour s’écraser au fond de ma gorge.

Il se retire brutalement et me soulève dans un mouvement rapide. Je me retrouve sur la petite table auprès du canapé, les jambes plus écartées qu’une gymnaste. La tête entre mes cuisses, sa langue lèche sans répit ma féminité jusqu’à ce qu’un puissant orgasme s’empare de mon corps, les mains crispées sur les bords, je savoure ce moment. Le bruit familier du plastique m’indique que ce n’est pas fini. Jude me colle contre l'évier puis s’enfonce en moi progressivement me laissant apprécier sa taille parfaite, puis se met à aller et venir à une cadence régulière, puis plus rapidement. 

Je prends un plaisir sans pareil, la bouche de Jude trouve la mienne et nous finissons cette séance dans un état de béatitude extrême.

/!\ Images bonus - soft /!\

Sans un mot, il me porte jusqu’à son lit et m’envoie un de ses sweats chauds. Je l’enfile et me couche aussitôt pendant qu’il se rend dans la salle de bain.

Dès mon réveil, il faudra que je réserve un, non, deux billets pour partir d’ici, je dois parler à Marcelo, faire mon sac et dire au revoir à Nana.

J’étais si heureuse de retrouver ma grand-mère et je sais qu’elle aussi, mais je dois réunir ce qu’il reste de notre famille. Et malgré tout, je suis contente que Jude décide de m’accompagner, même si je trouve cela étonnant de sa part. Je pense que je vais avoir besoin d’une épaule alliée dans ma recherche.

Mon flot de pensée est interrompu quand la bouille de Lys apparaît entre les jambes de Jude, qui revient dans la chambre. Elle tente de monter sur le lit bien trop haut pour elle, elle s’écrase au sol, je prends pitié de cette pauvre minette et l’installe près de moi, mais Lys a d’autres idées en tête.

- Sérieusement, JJ ! 

Je me retourne et le chaton s’est allongé au-dessus de la tête de Jude et ronronne comme un moteur V6, j’éclate de rire devant la situation.

- Il n’y a rien de drôle là-dedans, débarrasse-moi de ce truc ! Tout de suite !

- T’es exaspérant, elle ne t’as rien fait de mal.

Je tourne le dos à Jude et blottie Lys contre moi. Le bruit régulier de ses ronrons me fait basculer peu à peu dans un sommeil de plomb, je sens à peine Jude se relever.

Dimanche 24 Mars (suite)

Levée de bonne humeur, j’ai remis mes habits de la veille et je suis sur le départ. Je m’apprête à laisser Lys sous la surveillance de Jude. Je lui fais confiance.

- Occupe-toi bien d’elle ! Je sais que vous allez bien vous entendre tous les deux !

- Dépêche-toi de lui trouver une famille surtout.

Je lui tire la langue avant d’embrasser sa joue. Jude sent bon le gel douche et le sexe matinal, j’adore, je respire sa nuque en catimini. 

- Tu es en train de me renifler ?

- Merde, je pensais être discrète ! À plus tard !

Un sourire sincère éclaire son visage balafré et la petite fessée qu’il me met, agrémente sa bonne humeur. C’est le meilleur plan cul de toute ma vie ! 

Je rentre et Nana est sûrement partie se promener. Je m’installe alors sur l’ordinateur de mon frère et regarde les prochains vols pour Selvadorada. Évidemment, c’est un petit endroit perdu dans les forêts, il faudra atterrir dans la grande ville la plus proche, prendre un avion privé jusqu’à l’île puis une pirogue pour arriver à Austéria et de là, traverser la forêt jusqu’à destination. 

Une véritable expédition en somme. Prochain départ mercredi à 22h, je ne réfléchis pas pendant trois heures pour prendre les billets. Je lance l’impression et je file sous la douche, mes vêtements sont toujours humide de la veille. 

Une fois prête j’attrape le billet de Jude et me dirige chez lui. Je toque poliment.

- C’est encore moi Jude.

Il ouvre, une serviette autour des hanches et de l’eau qui perle encore sur son torse, je suis prête à signer avec le diable pour lui monter dessus à l’instant même.

- Je te manquais déjà ?

- Non, enfin si, mais ce n’est pas la raison de ma visite !

Je lui tends le billet sur papier et il me scrute.

- Ton billet, si tu veux toujours venir avec moi !

Le rouge me monte aux joues malgré moi. Il attrape le billet et le range dans un des tiroirs de sa cuisine. Je devrais le quitter à présent, mais mes pieds se retrouvent collés au sol.

- Maintenant que tu es là, tu devrais peut-être rester un peu plus longtemps ! 

- Jude… l’idée est tentante, mais je vais te laisser ! 

Un baiser chaste sur ses lèvres et je m’éclipse, fière d’avoir résisté à cet aimant à sexe ambulant. Il me reste à discuter avec Marcello et à faire mes aurevoirs à Hazel, Ari & surtout Nana. 

Mercredi 27 Mars

Jour du départ. Tout est prêt. Je suis déjà chez Jude, mon sac est dans l’entrée et alors qu’il faisait le sien, nous n’avons, de toute évidence, pas fait preuve de self-control. 

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? 

Il n’a pas répondu à la question, mais s’est contenté de m’acculer contre le miroir de sa chambre. La morsure de la surface froide m’a provoqué un frisson dans tout le corps et la chaleur de Jude me faisait me liquéfier sur place. 

- Tu es vraiment bandante, déshabille-toi !

C’est la façon de Jude pour me dire qu’il me trouve jolie, je suppose ! Je m’exécute rapidement, mais lui garde ses habits. Sa bouche sur mes lèvres, sur ma nuque et ses doigts où je les attends.

Haletante, sur le bord d’exploser, je me tends plus encore vers lui. J’en veux plus !

- Jude !!!

- Qu’est-ce que tu veux ma jolie Rebelle ?

- Baise-moi par pitié.

/!\ Images bonus - soft /!\

J’ose à peine croire que ceci est sorti de ma bouche, et pourtant ! Il continue de bouger les doigts me faisant jouir et pendant que j’essaie de reprendre contenance, il enfile une capote avant de me pénétrer vigoureusement.

- Oh oui putain…

- Tu me rends fou.

Du mur, il me porte sur le lit pour continuer à me pilonner comme un forcené et j’adore ça. Mes cris résonnent jusqu’au nouvel orgasme qui m’emporte, entrainant Jude avec moi au septième ciel.

- Bordel de dieu, c’était tellement bon, je veux dire, c’est toujours bon, mais là, c’était… 

Essoufflé, Jude me sourit simplement, embrasse ma nuque, avant de se lever et de rejoindre la salle de bain. Lys en profite pour revenir dans la pièce et se coucher à côté du lit. 

Jude me rejoint et s’allonge sur moi. M’embrasse, me caresse.

- Tu es certain de vouloir venir avec moi ?

- Certain.

- Mais ton boulot… ?

- Ne t’inquiète pas pour ça.

- Et Lys, tu es…

- Oui, Olympe a dit qu’elle s’occuperait de Lys, elle adore les félins !

- Et… ?

- Et si tu poses encore une seule question, je te fais taire en t’enfonçant…

- Pitié Jude, je ne veux pas savoir ! Bordel, tu n’as donc aucun tact ?

- C’est une question de plus ?

Je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel et de secouer la tête avant de me dégager de son étreinte. À ma hauteur, Jude chuchote quelque chose dans le creux de mon oreille, mais je suis tellement sous le choc que je préfère ne plus penser à ses mots indécents.

- Laisse-moi profiter de toi avant que tu ne me détestes pour toujours…

- Pourquoi ferais-je une chose pareille ?

Jude élude ma question et enfile son boxer avant de terminer son sac. Il m’invite à me reposer avant de prendre notre vol et éreintée, je ne décline pas son offre.

Il fait déjà nuit, il est 21h passé et nous attendons dans l’aéroport l’heure de notre vol. Jude est assis à côté de moi, complètement silencieux et immobile tel un robot. En face de nous, un couple arrive, leur façon de se regarder, de se toucher indique qu’ils ne sont pas ensemble depuis très longtemps ! 

- Je suis si heureuse que tu m’aies offert se voyage pour mon anniversaire, mais j’ai un peu la frousse de prendre l’avion !

- Ne t’inquiète pas ma douce, tout se passera bien ! 

Je souris malgré moi, je les trouve mignons. Je me demande si un jour, je trouverais quelqu’un qui me regarde comme il le fait. Il l’adore tellement, ses yeux sont un livre ouvert quand il les pose sur elle.

- À quoi tu penses ?

Jude me sort de mes pensées. Je le regarde un instant et caché sous sa capuche, il me parait évident que Jude ne sera jamais celui que j’attends. Peu importe, pour le moment, je profite du moment qui vient à moi.

- J’ai hâte de retrouver mon frère.

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_Jude.

Sous ma capuche noire, tout le monde pense que je ne vois rien, mais je suis bien plus attentif à ce qui m’entoure qu’à l’accoutumée. Le couple qui vient d’arriver en face de nous est rempli de mièvrerie. Ils se dévorent des yeux comme des lionnes qui auraient vu un troupeau de gazelles, leurs mains se touchent doucement comme s’ils étaient deux poupées de porcelaine. Et assise à côté de moi, elle sourit en les regardant. 

Et je sais à quoi elle pense en ce moment. Elle se demande si elle trouvera quelqu’un qui l’a rendra aussi heureuse que cette brunette en face, qui la regardera comme la première merveille du monde et comme à chaque fois, je lui demande :

- À quoi tu penses ?

Elle semble sortir de sa rêverie et pose les yeux sur moi, persuadée que je la regarde à peine. Et lorsque son sourire disparaît, elle sait que je ne serais jamais ce qu’elle attend et comme souvent elle ment pour toute réponse.

- J’ai hâte de retrouver mon frère.

Pas moi. Mais je ne réponds rien, car ma réponse risquerait de soulever pas mal de questions auxquelles je ne veux pas répondre. Mon humeur en demi-teinte, je préfère retourner dans mon mutisme et continuer à observer les gens.
Je veux profiter des instants qu’il me reste en sa compagnie.