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Chapitre 9
Dimanche 17 Mars
Quand je pousse la porte du hall d’entrée, la nuit est tombée depuis des lustres et le jour va bientôt pointer son nez. Je viens de finir mon service, il est pratiquement 3h30 et je suis agacée.
Mes espoirs de jeudi se sont envolés comme des feuilles d’automne en plein mistral. Pfiout. Mais oui, « je ne suis pas le genre de mec à utiliser les femmes comme des mouchoirs jetables » mon cul. Je suis plutôt le genre beau parleur, prêt à dire n’importe quoi pour baiser tout ce qui passe. Moi, y compris en plus, putain.
En passant devant sa porte, je ne peux pas m’empêcher de lâcher un fuck puéril, et je trace dans l’appartement cocoon de ma grand-mère. Pas un bruit, je jette ma veste sur le canapé et je me sers un grand verre d’eau.
La fraîcheur du liquide qui coule dans ma gorge, apaise mon humeur l’espace de 3 secondes et la furie en moi se réveille de nouveau. Je saisi un bloc note dans un tiroir et laisse un message à Nana.
Je ressors aussi silencieusement que je suis entrée et quelques pas supplémentaires me mènent exactement où je veux me rendre. Je souffle un grand coup et je toque doucement sur la porte.
Bien évidemment, il ne répond pas. Je pose bêtement la main sur la poignée et l’enclenche. À ma grande surprise, sa porte s’ouvre et je trouve Jude dans un étrange rituel pour l’heure qu’il est.
- Je me demandais quand tu allais revenir !
Il est gonflé le mec. Il saute habilement sur ses pieds puis se débarrasse de ses écouteurs d’un mouvement rapide.
- Bon sang, mais c’est quoi ton problème mec ?
Jude se contente de me regarder, l’air nonchalant, attendant que je m’explique, je suis à deux doigts de lui arracher les yeux de la tête.
- Je ne comprends pas comment tu fonctionnes ? Tu fais le mort depuis jeudi.
- C’est toi qui es partie comme une voleuse, tu ne crois tout de même pas que j’allais te courir après ?
Étonnée, je ne sais plus quoi dire, il m’a cloué le bec, mais je ne veux pas lui laisser le plaisir de cette victoire alors je baragouine n’importe quoi.
- C’est toi qui me cours après depuis des mois, bien sûr que j’attendais que tu reviennes. J’ai la furieuse impression de passer pour une conne et puis pourquoi tu fais des abdos à cette heure-ci d’abord ?
Jude éclate de rire ce qui a le don de m’irriter plus encore. Je me renfrogne comme une gamine de 4 ans.
- Tu es tendue !
- Non, pas du tout, je ne suis pas tendue, c’est toi qui me rends malade, tu ne peux pas te contenter d’être un mec simple, putain.
- Tu es vraiment tendue !
Je souffle devant sa mauvaise foi et il s’approche de moi en un tour de main. Je me retrouve collée contre son corps, sa bouche sur la mienne et ses deux mains agrippant mes fesses pour me soulever.
Mon mystérieux amant me dépose sur le canapé et commence à retirer tout ce qui m’habille. Nos langues réunies, il se dépêche de se débarrasser de son pantalon et son boxer.
- Je pense que c’est un cas d’urgence, tu peux te passer de préliminaires !
Pas le temps de me révolter que je suis retournée comme une crêpe et prise comme une dinde qu’on fourre de farce à Noël, brusquement et sans ménagement. Les cris qui se dispersent dans la pièce font écho à mon état de manque.
Avec ses doigts, il trouve le point central de mon plaisir et s’active pour me faire jouir. Mes ongles enfoncés dans le tissu, je me laisse planer et Jude me rejoint juste après.
Toujours à genoux sur les coussins, je reprends ma respiration et Jude se dirige vers la salle de bain. Je jette un œil à son superbe cul qui passe devant moi, il retire la capote et jette son t-shirt dans la panière de linge avant de revenir.
Planté devant moi, il me soulève du canapé et me porte jusqu’à son lit. Complètements nus, nous sommes allongés l’un près de l’autre dans un silence de mort.
- Ça va mieux ?
Je reste toujours silencieuse, je me rends compte que j’avais besoin de ça et j’en ai honte.
- Tu sais pourquoi je fais des séries d’abdos à 3h du matin ?
Mon voisin de lit me jette un coup d’œil et je ne réponds toujours pas, je me contente de lui demander « pourquoi ? » avec mes yeux.
- Parce que ça m’aide à évacuer la tension ! Surtout avec l’abstinence que tu m’infliges depuis jeudi ! Y’a pas de honte à aimer le sexe, c’est comme une drogue, et c’est normal d’être à cran lorsque l’on n’a pas sa dose !
- C’est que je ne suis pas comme ça d’habitude…
- Eh bien, faut croire qu’entre nous ça match au lit !
Un léger sourire aux lèvres, il embrasse ma joue avant de fermer les yeux. Je me laisse emporter par la fatigue à mon tour et rejoins le pays des rêves.
Je me réveille, la chair de poule sur la moindre parcelle de mon corps, je commence à trembloter. Il fait déjà jour dehors, je me lève pour chercher de quoi m’habiller. Je fouille dans l’armoire de Jude.
- Qu’est-ce que tu fais ?
Je laisse échapper un cri de surprise avant de me retourner et de contempler son corps dénudé et apparemment prêt pour plus si affinités, je rougis et détourne le regard.
- Je… j’ai froid, je cherche un sweat dans tes affaires.
Jude se lève et sort de son placard de quoi me couvrir avant de m’enlacer.
- Je connais un bien meilleur moyen de te réchauffer !
Pas besoin d’en dire plus, je le laisse me réchauffer à sa façon. Entre tendresse et brutalité.
Caché sous le sweat trop large de Jude, nous reprenons nos esprits encore embrumés par l’orgasme.
- Alors, as-tu des nouvelles de ton frère ?
- Pourquoi veux-tu savoir ça ?
- Par ce que c’est ta vie, ça m’intéresse !
- Non aucune, il a disparu sans laisser de traces et comme il est majeur, les autorités ont laissé son dossier tomber à la trappe…
- Tu ne laisseras jamais tomber ?
- Bien sûr que non… même si je n’avance pas depuis que je suis ici, je le retrouverai mort ou vif.
- Si tu as besoin, je peux te filer un coup de main !
- Merci, c’est gentil.
Un bâillement interrompt notre discussion et Jude me serre un peu plus contre lui et je me rendors bercée par sa chaleur et son parfum.
Mercredi 20 Mars
Je suis prête à prendre mon service, je descends lentement les escaliers et me retrouve dehors, un léger vent me fait frissonner. Mes pieds commencent à suivre un chemin qu’ils connaissent parfaitement, mais je n’ai pas le temps d’avancer beaucoup, soudain une moto s’arrête juste devant moi.
Tant bien que mal, je distingue que c’est Jude. Il retire sa visière pour me parler.
- Monte, je te dépose !
Il me tend un casque et je le gratifie d’un sourire sincère avant de l’enfiler et de montrer derrière lui.
Le chemin est plutôt rapide, Jude n’est pas du genre à respecter les limitations de vitesse, mais je lui fais confiance. Lorsqu’il coupe le moteur, je redescends sur terre et retire le casque de ma tête avant de le lui tendre.
- Merci ! À plus tard !
Je commence à tourner les talons, sachant très bien qu’il ne montre pas son visage en public.
- Et mon baiser ?
Je me retourne et il a retiré son casque et s’est paré de sa capuche. Je reviens vers lui pour l’embrasser, puis il s’équipe de nouveau avant de partir. Machinalement, je lui fais un petit signe de la main, toujours perchée sur mon petit nuage.
En avançant vers le bar, je découvre une silhouette qui ne m’ait pas inconnue. Je m’approche d’elle et son regard d’incompréhension me fait me poser des questions.
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Commentaires
2stephyVendredi 20 Septembre 2019 à 17:573Fanny CarsonLundi 23 Septembre 2019 à 12:31C'est bien, il n'est pas aller voir ailleurs pendant "cette abstinence".
On dirait bien qu'il n'a plus honte de lui montrer son visage : quelle avancée ! C'est bien !
Ils sont mignons tout plein ces deux là....
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Vendredi 27 Septembre 2019 à 22:53
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6golden_simmerLundi 1er Mars 2021 à 20:49
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Vous êtes beaucoup à les trouver mignons tous les deux !
Bien sûr qu'il est prêt à l'aider ....